Si les producteurs de porcs veulent améliorer leur bilan d’émissions de gaz à effets de serre (GES), ils devront d’abord s’attaquer à la principale source d’émission de GES en production porcine : l’alimentation.
Le deuxième poste du bilan des émissions de GES est la gestion des fumiers. En troisième, vient l’élevage des animaux, car, pour produire des porcs d’abattage, il faut élever des truies. Le quatrième poste est l’utilisation de l’énergie.
Ces constats ont été présentés par le consultant en agroenvironnement Sylvestre Delmotte pour le Conseil pour le développement de l’agriculture du Québec (CDAQ) lors de la journée Réduire les GES en production porcine, est-ce possible? du Centre de développement du porc du Québec (CDPQ).

1. L’alimentation
À lire aussi

Des haies brise-vent pour lutter contre la chaleur
La ferme WB a planté des haies brise-vent qui, à maturité, procureront de l’ombre à leur troupeau de vaches Highland lors des journées chaudes d’été. Cette initiative a été rendue possible grâce à l’expertise et au financement d’ALUS Montérégie.
Au point de vue alimentation, un bon potentiel est d’optimiser la composition de l’alimentation en fonction des besoins des animaux et d’utiliser l’alimentation de précision.
Selon le responsable des bâtiments et de la régie d’élevage au CDPQ, Sébastien Turcotte, le simple fait d’améliorer la conversion alimentaire de 0,1 en pouponnière et en engraissement (départ à 1,45 en pouponnière et 2,86 en engraissement), on peut s’attendre à une économie de 5,46$/kg de moulée par porc et 9,9 kg CO2e par porc.
Il ajoute qu’un meilleur gain moyen quotidien diminue la durée d’élevage et diminue la quantité d’aliments ingérés. Il en résulte moins de méthane produit lors de la digestion, moins de fumier produit et d’émissions associées, et moins de nourriture à produire.
L’alimentation de précision, c’est la spécialité de la responsable alimentation et nutrition animale des porcs en croissance au CDPQ, Laetitia Cloutier. Dans l’alimentation conventionnelle, les porcs sont alimentés par phases d’aliments. Pour être certains qu’ils ne manquent pas de nutriments, ils sont suralimentés en début de phase, ce qui se répercute par des pertes dans l’environnement, en plus de coûter cher pour les producteurs.
Dans l’alimentation de précision, l’alimentation des porcs est ajustée quotidiennement en mélangeant deux moulées, l’une riche et l’autre pauvre. De cette façon, les porcs ont toujours les nutriments nécessaires sans excès. Le coût d’alimentation est moindre sans gaspillage.
Développée au Canada par le chercheur Candido Pomar et son frère en Espagne, cette technologie est maintenant disponible pour les truies et bientôt pour les porcs en engraissement. Des essais auront lieu avec les nouveaux équipements dans la ferme de recherche du CDPQ en construction à Deschambault.
2. Gestion des fumiers
Du côté de la gestion des déjections, la réduction de la durée d’entreposage des lisiers et la séparation liquide-solide pourraient être des solutions porteuses.
L’entreposage des lisiers génère l’émission de deux importants gaz à effet de serre, le méthane (CH4, potentiel de réchauffement global 28) et le protoxyde d’azote (N2O, potentiel de réchauffement global 273).
Selon Joahnn Palacios de l’IRDA, la couverture sur une fosse, l’acidification du lisier, l’aération du lisier, la séparation des phases, le traitement par digestion anaérobie (biométhanisation) et la gestion optimisée du temps d’entreposage et de l’épandage sont des options bénéfiques. D’ailleurs, le producteur de porcs Christian Gernier de la ferme Le Grenier Gardangeois est venu présenté son projet de biométhanisation qui verra le jour cette année à Ange-Gardien.

Une autre façon de réduire les émissions de méthane et de protoxyde d’azote, selon l’étudiante au doctorat Katherin Carranza sous la supervision du professeur Sébastien Fournel de l’Université Laval, est de réduire la température du lisier. Cela peut réduire les émissions de méthane de 20 à 80%.
3. Gestion des animaux
Pour la gestion des animaux, l’amélioration de la productivité des animaux, l’amélioration de l’efficience alimentaire et la sélection génétique sont des options intéressantes.
4. Gestion de l’énergie
En gestion de l’énergie, on peut envisager la réduction du chauffage des bâtiments, l’amélioration de la ventilation et l’isolation des bâtiments, puis la plantation de haies brise-vent.
Sébastien Turcotte a expliqué que les porcelets ont besoin d’être dans une zone de confort pour optimiser leur croissance. Ainsi, même s’il peut coûter plus cher de chauffage pour atteindre la température optimale en hiver, l’amélioration de la conversion alimentaire durant cette période apporte plus de bénéfices que d’inconvénients.
Parlant chauffage en hiver, Sébastien Turcotte a aussi démontré l’avantage d’utiliser des échangeurs de chaleurs pour la croissance des porcelets afin d’économiser le chauffage tout en apportant une ambiance favorable à la croissance des porcelets.
De plus, l’été, il est avantageux de rafraîchir les animaux par des ventilateurs de recirculation et/ou des systèmes de refroidissement à l’eau, encore une fois pour l’atteinte d’une zone de confort optimale.
À lire aussi:
Québec investit 15 mllions$ pour la biométhanisation