Même si elles ont des productions différentes, la Ferme Candrine, la Ferme Beau-Porc et la Ferme Bovicole ont ceci en commun : elles font toutes partie du projet Agriclimat. Autre point en commun : leurs propriétaires réalisent après un premier bilan carbone qu’il sera plus compliqué qu’ils le pensaient de l’améliorer.
Joëlle Cantin de la Ferme Candrine, Billy Beaudry de la Ferme Beau-Porc et Jean Lambert de la Ferme Bovicole ont participé à un panel animé par l’agronome Charlotte Codron d’Agriclimat lors de l’Atelier de formation Adaptation aux changements climatiques et réduction des GES en productions bovine, porcine et fourragère le 27 février 2024 à Drummondville.
Ferme Candrine
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La Ferme Candrine est une entreprise laitière de 115 kg/jour de quota qui produit aussi des fourrages et des grandes cultures sur 302 hectares. L’entreprise pratique le semis direct depuis 1990 en plus d’appliquer des pratiques de conservation. L’entreprise a fait partie du projet-pilote Agriclimat de 2018 à 2021. Joëlle Cantin explique qu’elle était stimulée par la volonté de son industrie de devenir carboneutre en 2050.
Le principal producteur de carbone à la Ferme Candrine, c’est le troupeau en raison de la fermentation entérique des vaches laitières. « Qu’est-ce que je peux faire pour l’améliorer un peu? C’est toute ma régie, mon bien-être, mon confort animal, mon alimentation… C’est vraiment de travailler pour améliorer les performances de mon animal dans ma ferme », dit Joëlle Cantin. En fait, la production laitière représente 73% des émissions de GES en tonnes d’équivalents CO2.
Du côté des champs, l’entreprise met beaucoup d’énergie à déposer de la matière organique dans le sol sableux depuis plus de 30 ans. « Ce qui m’a le plus étonné, c’est qu’on a beau travailler pour augmenter notre matière organique, mais au bout de 30 ans, elle se décompose et en se décomposant, elle émet du carbone, explique Joëlle Cantin. Ça nous motive encore plus à continuer et à persévérer. On est encore plus conscients de l’importance de ça. »
Ferme Beau-Porc
La Ferme Beau-Porc produit 2000 porcs à l’engraissement, 2500 porcelets en pouponnière et produit des grandes cultures (maïs, soya et blé) sur 660 hectares. Elle importe du lisier et l’applique par irrigation en plus d’avoir des pratiques de conservation. Billy Beaudry ne s’attendait pas à ce que l’entreprise soit carboneutre, mais il ne croyait pas qu’il en serait aussi éloigné. Il a été surpris de constater que dans les types de cultures effectuées à la ferme, ce soit aussi difficile d’être carboneutre.
Avec sa gestion des champs, notamment avec le semis direct et l’utilisation de fumier pour fertiliser, Billy Beaudry s’attendait à ce que son bilan ne soit pas aussi impacté négativement par ses cultures. La production de grains représente 52% des émissions en équivalent de CO2. L’utilisation d’azote et le mode d’application du lisier contribuent négativement à ce bilan. « Il y a une autre partie sur laquelle on a un peu moins de contrôle, c’est la décomposition des résidus de cultures, dit-il. Ça, c’est quelque chose qui va être dur à éliminer. Le cycle est comme ça. » La Ferme Beau-Porc a un important secteur de grandes cultures, ce qui a un impact important sur le bilan.
Ferme Bovicole
La Ferme Bovicole a un troupeau vache-veau de 50 vaches avec 120 bouvillons en engraissement. Elle produit 120 000 poulets à griller et a 87 hectares en prairies et pâturages permanents. Le pâturage est en rotation fréquente, soit deux fois par jour. Il n’y a aucun travail de sol. Jean Lambert explique qu’il avait hâte de voir où se situait son entreprise. Il a constaté que certaines décisions qui ont été prises pour des raisons économiques s’avéraient aussi profitables au niveau du bilan carbone.
La Ferme Bovicole a un bilan carbone très différents des deux autres fermes. La production bovine représente 63% des émissions en équivalent CO2. « On est à zéro pertes de carbone des sols de par la couverture qui est permanente et les racines sont permanentes, dit Jean Lambert. En ne faisant pas de travail de sol, on libère très peu de carbone. On peut dire que les champs sont carboneutres. » Pour améliorer le bilan lié directement à la production bovine, Jean Lambert veut s’attaquer à la gestion des déjections.
Voici un portrait global du bilan carbone pour les trois entreprises.

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