Un ingrédient alimentaire nouvellement approuvé au Canada est prometteur pour réduire le méthane, un puissant gaz à effet de serre, produit par les bovins. Selon les développeurs, la société suisse DSM, le produit Bovaer a le potentiel de réduire les émissions de méthane de 45% chez les bovins de boucherie et de 30% chez les bovins laitiers, en moyenne.
À ce jour, l’utilisation de Bovaer a été approuvée dans une soixantaine de pays. Le composé actif de ce produit est le 3NOP. Voici comment la compagnie explique le fonctionnement du produit : « Dans le rumen d’une vache, les microbes aident à décomposer les aliments. Cela libère de l’hydrogène et du dioxyde de carbone. Une enzyme combine ces gaz pour former du méthane. Bovaer est un complément alimentaire qui supprime l’enzyme, ce qui réduit la production de méthane. Seulement ¼ de cuillère à café dans l’alimentation quotidienne d’une vache fait effet en 30 minutes seulement. Au cours de son action, Bovaer est décomposé en toute sécurité en composés déjà naturellement présents dans le rumen. »
Selon le chercheur scientifique Chaouki Benchaar du Centre de recherche d’Agriculture et Agroalimentaire Canada à Sherbrooke, il s’agit du produit alimentaire le plus prometteur pour réduire les émissions de gaz à effets de serre. Ce chercheur étudiera le Bovaer dans des chambres de respiration du centre de recherche dès septembre prochain. Il mesurera non seulement les émissions de méthane, mais aussi la production laitière, les émissions d’azote et le cycle de vie. Selon le chercheur, il est important de faire toutes ces mesures pour s’assurer que le produit n’ait pas d’effets négatifs au-delà des réductions de méthane par l’éructation des vaches. À ce jour, les recherches sur le produit démontrent qu’il ne change pas la production laitière.
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Chaouki Benchaar est très excité à l’idée de démarrer les deux projets de recherche. « J’aurais voulu commencer en 2023, mais le produit n’était pas encore homologué au Canada », dit-il en entrevue. Il souligne aussi que la compagnie DSM ne finance aucunement le projet et qu’en tant que chercheur dans un centre fédéral, il se sent totalement libre dans le déroulement du projet et dans la divulgation des résultats à venir.
Les projets de recherche sont effectués pour le compte des Producteurs laitiers du Canada dans le cadre de la Grappe de recherche laitière et pour le Conseil canadien du canola dans le cadre de la grappe du canola.
Chaouki Benchaar ajoute que de nombreux projets de recherche ont été menés sur ce produits à travers le monde. Il y a environ 80 publications scientifiques sur le Bovaer. Au Canada, des recherches ont été menées sur les bovins de boucherie dans l’Ouest canadien. Le Centre de recherche d’Agriculture et Agroalimentaire Canada de Sherbrooke est le seul centre de recherche au Canada à être doté de chambres de respiration permettant de mesurer avec précision les émissions de gaz à effet de serre par les vaches laitières.
Selon le chercheur, ce produit, pas encore commercialisé, s’ajoutera aux outils disponibles et à venir pour permettre aux Producteurs laitiers du Canada d’atteindre leur objectif de carboneutralité en 2050. Il ajoute toutefois qu’il s’agit d’une solution à court terme. La réduction de méthane n’est effective que lorsqu’on utilise le produit. Si le producteur cesse de l’utiliser, la vache recommence à émettre le même méthane qu’avant. En comparaison, l’amélioration de la génétique des taureaux et des vaches laitières aura un impact permanent sur la réduction de méthane.
Selon Chaouki Benchaar, en raison du coût, les producteurs laitiers devront avoir un incitatif financier, tels des crédits carbones pour l’utiliser. Il s’attend d’ailleurs que le prix du produit soit basé sur ces crédits carbones. Pour l’instant, certains ont avancé le prix de 50¢ par vache par jour.
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