La traite robotisée sans granulés, une nouvelle réalité

En Ontario, deux producteurs laitiers testent leur nouveau système de traite robotisée sans alimentation incitative

Publié: il y a 3 heures

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La traite robotisée sans granulés, une nouvelle réalité

Attirer les vaches dans les robots de traite avec de la moulée cubée est une pratique courante depuis leur introduction au Canada, il y a environ 25 ans. Plusieurs gestionnaires questionnent maintenant cette approche.

Les granules utilisées comme agent incitatif sont un mélange spécifique, donc plus coûteux, comparativement à une RTM préparée à la ferme. En plus, des dépenses en équipements supplémentaires, des frais d’opération et d’entretien s’ajoutent. En intégrant tous les nutriments nécessaires dans une ration totale mélangée (RTM), ces charges sont évitées.

Circulation guidée obligatoire

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« L’expérience prouve qu’il est inutile de nourrir les vaches dans les salles de traite pour les occuper », affirme la conseillère Kelli Hutchings, à l’emploie du concessionnaire DeLaval High Plains Robotics au Colorado. Pour l’instant, cette approche n’est viable qu’avec des systèmes de traite robotisés utilisant un circuit guidé. Rendue dans la zone de traite, la vache doit obligatoirement suivre un trajet et passer dans le robot avant d’avoir accès à de la nourriture.

En Ontario, deux producteurs laitiers testent leur nouveau système de traite robotisée sans alimentation incitative, explique Fred Van Lith, conseiller en gestion de troupeau chez Norwell Dairy Systems. L’un d’eux trait 41 vaches Holstein ayant une production moyenne de 41 kg de lait par jour après trois visites au robot. L’autre possède un troupeau Jersey de 77 têtes produisant chacune 22 kg de lait, après seulement 2,35 visites journalières. Ce dernier projette d’augmenter la fréquence des visites et le temps de traite par vache en ajoutant un robot.

Protocole de formation des vaches

Aux États-Unis, certains troupeaux imposants montrent la voie en matière d’alimentation incitative, notamment Double Creek Dairy, dirigée par Matt Strickland en Californie.

En observant des vaches de boucherie se précipiter vers un camion d’alimentation, la conseillère du Colorado a eu une réflexion : que se passerait-il si les vaches n’avaient jamais su que des granulés les attendaient dans le robot ?

Elle a alors proposé à Matt Strickland de retirer progressivement les aliments incitatifs de ses robots de traite. Celui-ci utilise à la fois des robots et une salle de traite pour ses 2100 vaches. Dans les modèles conventionnelles, les bêtes reçoivent déjà tous les nutriments nécessaires via la RTM. Donc pas de déficit nutritionnel en vue pour les vaches traites au robot sans granulés.

Depuis un an, Le producteur Matt Strickland et la conseillère Kelli Hutchings travaillent à sevrer progressivement les vaches des aliments cubés. Aujourd’hui, seulement sept retardataires résistent encore et ont besoin d’un incitatif pour entrer dans le robot.

Ils ont progressivement réduit le volume de moulée cubée au fil des mois. La production de lait n’a pas changé, mais la composition de la matière grasse est plus élevée, probablement en raison de l’absence de granulés dans le robot, avance la nutritionniste du Colorado.

D’autres indicateurs sont également utiles, notamment le fait que le temps moyen dans la zone où les vaches attendent le robot a augmenté d’une minute, passant de 10 à 11 minutes, ce qui signifie que les vaches sont toujours traites en temps voulu malgré l’absence d’incitation dans le robot.

L’avantage le plus important de la formation des vaches à l’attente d’un robot sans supplément concerne les nouveaux troupeaux qui n’ont jamais su qu’une friandise était possible au moment de la traite. Ces vaches sont plutôt motivées par le besoin d’être traites et qu’elles doivent passer par le robot pour retrouver leur nourriture.

Tous doivent être pleinement engagés

Un exemple frappant est la laiterie Heeg Bros, dans le Wisconsin, qui a récemment démarré un système automatisé et affiche l’une des meilleures performances de troupeaux traités par robot, avec une moyenne de 48,44 kg de lait par jour et 4,55 % de matière grasse.

Les 450 vaches laitières ont été séparées en deux groupes, ce qui a permis de tirer quelques leçons, explique la conseillère Kelli Hutchings. Le premier groupe a été logé dans une nouvelle étable, puis ramené à la salle de traite. Mais même lorsqu’elles se trouvaient dans l’étable robotisée, les vaches avaient encore tendance à retourner à la salle de traite même lorsqu’elles se trouvaient dans l’étable robotisée. « Elles ont pris l’habitude d’emprunter le couloir, de passer devant les robots et de se rendre dans l’autre bâtiment pour se faire traire », explique la conseillère en nutrition.

Le deuxième groupe initié directement dans les robots s’en est très bien sorti. « Il s’agit de l’une des étables les plus performantes d’Amérique du Nord, voire du monde entier, et elles n’ont jamais vu de granulés », a déclaré la nutritionniste.

Le troupeau de Matt Strickland a montré qu’il fallait de la patience pour sevrer les vaches des granulés, mais il est satisfait jusqu’à présent des résultats. « Je n’ai pas investi dans la traite robotisée pour nourrir mes vaches, j’ai acheté des robots pour traire mes vaches », a déclaré Matt Strickland.

Cet article de John Greig publié dans Farmtario a été traduit et adapté par Le Bulletin des agriculteurs.

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