En croisade contre les cabanes à robots

Alors qu’au Québec la cabane à robot est obligatoire, en Ontario, cette contrainte a été levée en 2020

Publié: 9 mai 2025

Dave Fortier et Sophie Bédard de la Ferme Panama

La productrice laitière Sophie Bédard de la Ferme Panama est partie en croisade contre l’obligation, au Québec, d’installer un local fermé, appelé cabane à robot, autour des robots de traite.

L’étable de son conjoint, Dave Fortier, et elle vient d’être transformée l’été dernier pour passer de la stabulation entravée à la traite robotisée en stabulation libre. Tout a été fait pour réduire les coûts à leur minimum. Après sept mois, ils sont toujours aussi enchantés de leur choix. Toutefois, la cabane à robot n’a pas été installée.

Au lieu de cela, Sophie Bédard a écrit directement au ministre pour dénoncer la situation. Alors qu’au Québec c’est obligatoire, dans la province voisine, l’Ontario, cette contrainte a été levée en 2020.

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« Je vous écris parce que durant les semaines de planification et de nos travaux, j’ai compris quelque chose. Un robot de traite, c’est juste une grosse trayeuse », écrit-elle au ministre.

Elle louange l’utilisation du robot de traite qui apporte efficacité, qualité de vie et respect des normes de bien-être animal. Elle ne voit pas pourquoi, alors qu’elle et son conjoint ont trait des vaches pendant des années sans local fermé autour de la trayeuse qu’il en faudrait une autour du robot.

Elle conteste deux passages du Guide d’information – Construction et aménagement des fermes laitières. L’un stipule que les installations d’un système de traite automatisées fixe (robot de traite fixe) doivent comporter un local fermé. L’autre dit que la ventilation du local doit être conçue pour qu’il y ait un apport d’air non contaminé dans le local.

Un échange courriel avec la direction des communications du MAPAQ a permis de comprendre que cette obligation émane du Règlement sur les aliments. « Le Règlement sur les aliments (RLRQ, chapitre P-29, r. 1) exige qu’un robot de traite fixe soit installé dans un local alimenté avec un apport d’air en continue (article 11.2.7) afin de limiter les contaminations et assurer la qualité du lait », écrit le relationniste Yohan Dallaire Boily. Le Guide d’information dont parlait Sophie Bédard apporte les informations supplémentaires en lien avec cette règlementation.

À la suite de sa lettre au ministre, Sophie Bédard a rencontré en virtuel trois employés du MAPAQ qui se sont montrées réceptifs à ses commentaires. Lors de cette rencontre, elle a appris que les Producteurs de lait du Québec (PLQ) font des représentations auprès du ministère pour faire bouger les choses.

François Dumontier, de la direction des communications des PLQ, confirme que les Producteurs de lait sont sur le dossier. « Nous avons, en effet, fait de nombreuses représentations au MAPAQ dans le même sens et sommes toujours en discussion avec eux à ce sujet », écrit-il.

Yohan Dallaire Boily confirme que le ministère s’intéresse au dossier : « Le ministère documente actuellement la situation et les données recueillies seront prises en compte dans le cadre de futurs travaux réglementaires. Une analyse approfondie, qui devra prendre en compte plusieurs aspects quant à l’aménagement de cet équipement pour assurer la qualité et la salubrité du lait, est requise. »

Tannée que les choses ne bougent pas assez vite, Sophie Bédard a fait une publication dans un groupe Facebook. Plusieurs producteurs ont commenté. Elle raconte même avoir parlé à un producteur qui ne voulait pas défrayer les coûts de 15 000$ pour l’installation d’un local fermé.

Plus qu’une question de coût

Dans un article paru sur Farmtario à la suite du changement règlementaire en Ontario, les intervenants disaient que plusieurs producteurs installaient encore une cabane à robot. Cela reste recommandé dans certains cas, notamment dans le cas des étables froides. Le robot nécessite de l’eau pour fonctionner et doit être installé dans un local fermé dans ce cas. Toutefois, la non-installation de cabane facilite la ventilation en ne créant pas d’obstacle dans l’étable.

Outre l’Ontario, le responsable VMS pour DeLaval, Jason French, sait qu’au Manitoba, les robots n’ont plus l’obligation d’être dans des locaux fermés. Il explique aussi que dans le nouveau concept de traite par lots de DeLaval, les robots ne sont pas dans des locaux fermés. Ce concept avait été expliqué dans un article du Bulletin l’an dernier.

Selon Yan Trudel du soutien technique de Lely pour le Québec, les avantages d’avoir un local fermé sont plus nombreux que les inconvénients : sécurité, contamination, logistique de construction, climat et santé des travailleurs lors des entretiens. Les avantages de ne pas installer de local sont la meilleure ventilation pour les animaux dans certains cas, les coûts de construction et la vitesse de construction.

Sophie Bédard termine sa lettre au ministre en disant que la modification de ce règlement faciliterait l’installation de robots de traite dans des bâtiments existants. « La qualité du lait n’en sera pas changée et nous avons la preuve que depuis nos rénovations, la qualité du lait est excellente », dit-elle.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.