L’ambiance est tendue au pays depuis qu’il semble inévitable que des tarifs à l’importation seront adoptés par les États-Unis face au Canada le 1er février. Le mot d’ordre est au branle-bas de combat à travers les gouvernements fédéral et provinciaux, ainsi que les différentes associations.
Le secteur laitier canadien ne fait pas exception. Lors de la réunion annuelle des Producteurs de lait de l’Ontario (PLO) le 16 février dernier, le président des Producteurs laitiers du Canada (PLC), David Weins, a déclaré qu’une approche unifiée du secteur sera importante, alors que le nouveau président américain appelle à la renégociation de l’Accord Canada-Mexique-États-Unis. (ACEUM).
« Nous n’avons aucun contrôle sur ces événements, mais ce que nous pouvons contrôler, c’est notre réponse, a-t-il dit. En défendant nos intérêts ensemble, nous serons les mieux placés pour influencer les résultats. »
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Avec les prix des veaux qui ont explosé depuis 2022, les producteurs de veaux et de bouvillons ont de la difficulté à financer l’achat d’animaux. Il en résulte des places vides dans les bâtiments.
Le Canada a maintenu le système de gestion de l’offre lors du dernier cycle de négociations de l’ACEUM, mais a de nouveau cédé des parts de marché aux importations.
Les producteurs laitiers canadiens approvisionnent environ 80 % du marché intérieur. Le reste est approvisionné par les importations, selon la Commission canadienne du lait.
Le Canada sera confronté à un Trump doté d’un mandat plus fort qui a tiré les leçons de ses quatre premières années en tant que président, a affirmé Andrea van Vugt, chef de l’exploitation de Wellington Advocacy, une firme de lobbying. Il cherchera à atteindre ses objectifs, selon elle.
« L’une des choses qu’il a apprises, c’est à quelle vitesse quatre années passent, et il a appris des choses très intéressantes sur la façon d’organiser son cabinet et sa politique afin d’avoir une approche efficace, efficiente et chirurgicale des questions qui lui tiennent à cœur », a-t-elle déclaré.
Des démarches en cours
L’industrie laitière canadienne continue de progresser vers une entente dans laquelle les dix offices provinciaux de commercialisation du lait collaboreront dans de nombreux domaines.
Le P10, comme on l’appelle, a convenu en décembre d’une initiative de croissance du marché, la première partie concrète de ce qui devrait éventuellement inclure le partage des revenus, l’harmonisation des politiques de quotas et le partage des frais de transport à travers le pays.
Benoit Basillais, directeur général de la Commission canadienne du lait (CCL), a déclaré qu’il espère que le reste de la mise en œuvre d’un pool laitier P10 sera achevé d’ici quelques années, alors que les négociations ont cours depuis années.
La mise en commun nationale du lait et des programmes permettra de mieux coordonner la distribution du lait, en particulier dans les nouvelles usines de transformation. « Le marché devient national, a dit Benoit Basillais. Nous n’allons pas construire 10 usines. Nous avons besoin d’une usine avec une expertise spécifique dans une région, et peut-être d’une autre usine avec une connaissance spécifique des produits dans une autre région. » Grâce à la mise en commun des recettes nationales, « peu importe où se trouve l’investissement, tout le monde en profite », a-t-il affirmé.
La demande d’ingrédients de spécialité dérivés du lait augmente, mais la transformation canadienne n’a pas suivi. Le programme de croissance du marché, approuvé en décembre, sous-tendra cette nouvelle approche.
Le programme de croissance du marché est la première collaboration majeure du P10 et comporte trois volets : le financement de préproduction pour étudier le potentiel d’un investissement dans la transformation, le volet de capacité excédentaire, qui offre des incitatifs à l’investissement dans la transformation et crée de la valeur pour tous les composants du lait, puis le volet d’approvisionnement en lait, qui soutient les projets de transformation qui génèrent une croissance de la matière grasse.
La CCL indique que le volet de financement de préproduction a été lancé en décembre 2023 et que six demandes ont été reçues.
« Cela signifie beaucoup pour les producteurs laitiers de l’Ontario, car nous sommes l’une des plus grandes provinces et une grande partie de la population est ici », a indiqué Mark Hamel, président des PLO lors de l’assemblé générale provinciale du 16 janvier dernier. Le fait que les avantages seront partagés à travers le pays signifie que toutes les provinces et toutes les régions en bénéficieront, a-t-il déclaré. La coordination nationale offrira des possibilités de gérer la croissance, l’innovation et de nouvelles transformations pour gérer l’excédent de solides non gras, dit-il.
Les cinq offices laitiers de l’Est du Canada se coordonnent depuis une décennie sous le nom de P5.
Source: Farmtario, Jonh Creig
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