Malgré le revers au Sénat du projet de loi C-282 à l’automne 2024, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier 2025 et la révision de l’ACEUM en 2026, l’avenir de la gestion de l’offre n’est pas incertain. C’est du moins l’avis de Vincent Cloutier, directeur principal Stratégie – Agriculture, à la Banque Nationale.
« On entre dans une phase politique rocambolesque au plan politique, mais la gestion de l’offre en a vu d’autres et les pressions qui s’exerceront sur elle ne sont pas de nature à rendre son avenir incertain », explique-t-il en entrevue.
Selon lui, le système de gestion de l’offre est solide et a affronté de nombreuses tempêtes au fil des ans au niveau international. « Le système en a vu d’autres », dit-il.
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Selon lui, les prochaines négociations de révision de l’ACEUM en 2026 ne porteront pas sur une plus grande part du marché canadien, mais plutôt sur les allocations de contingents, c’est-à-dire qui peut exporter et quel type de produit. Son constat provient des actions actuelles du lobby laitier américain. « Il y a une joute légale en cours, dit-il. Je crois que ça peut revenir sur le tapis. » Donc, la concession de 3,9% des parts de marché en 2018 n’augmenterait pas, mais serait réorganisée entre les exportateurs américains.

Vincent Cloutier rappelle que tous les partis politiques ont soutenu le projet de loi C-282 et que même s’il n’a pas abouti, il a réussi à démontrer l’important appui politique au Canada. « Donc, on a un soutien politique fort et nos négociateurs ne sont pas nés de la dernière pluie », dit-il.
Vincent Cloutier fait la distinction entre « révision » et « renégociation ». Ce qui s’en vient, c’est une révision de l’Accord. Toutefois, avec Donald Trump aux commandes, même si l’ACEUM est son accord – c’est lui qui l’a ratifié, on peut s’attendre à tout. « À priori, on est dans un processus de révision et je pense qu’il faut prendre son gaz égal, dit-il. Il faut prendre un grand respire. Il faut prendre un pas de recul et se faire confiance et faire confiance au système. »
Il va plus loin en affirmant que, dans un contexte de protectionnisme, la gestion de l’offre est plus que jamais de son temps. C’est une des raisons pourquoi il faut se faire confiance et regarder les éventualités avec un certain sang-froid. « Le système en a vu d’autres », répète-t-il.
Il explique que la gestion de l’offre répond aux besoins des consommateurs et de l’industrie et que malgré les quelques coups qu’elle a subis, elle est toujours présente.
« Je suis d’avis que, au cours des prochaines décennies, le potentiel de coups qu’elle est susceptible d’absorber est moins élevé qu’avant parce qu’on retourne à davantage de protectionnisme et l’élection de Trump vient cristalliser ça, dit-il. Dans ce contexte-là, la gestion de l’offre est loin d’être déphasée. Elle est particulièrement de son temps. »
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