Les producteurs sous gestion de l’offre et leur contribution à l’économie québécoise

Le Québec est autosuffisant dans presque tous les secteurs, mis à part les œufs et la crème de consommation

Publié: 30 janvier 2025

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L'apport économique des productions sous gestion de l'offre est indéniable.

Le renouvellement de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) n’est que dans un an et demi, mais les Américains fourbissent déjà leurs arguments quant à l’accès de leurs produits laitiers au sein du marché canadien. Le sujet a été évoqué plusieurs fois par le président Donald Trump dans les dernières semaines, et il est revenu encore dans les propos du candidat au département du Commerce, Howard Lutnick, lors de l’audience visant à confirmer sa nomination.

Un récent rapport du MAPAQ met toutefois en lumière l’apport des différentes productions sous gestion de l’offre pour l’économie du Québec. En plus de la création directe et indirecte d’emplois, elles contribuent à l’occupation de son territoire et à son autonomie alimentaire, une visée importante du gouvernement depuis la pandémie.

Le document énumère plusieurs chiffres et leurs impacts économiques. Avec un peu plus de 5360 producteurs détenteurs de quotas sous le système de la gestion de l’offre, leurs activités ont généré pour 4,6 G$ de recettes, grâce à des actifs estimés à 30 G$, en 2023. La part du Québec aux recettes canadiennes correspond à 31%, soit davantage que le poids de la population québécoise, qui est de 22%, au sein du Canada. La part des recettes des productions sous gestion de l’offre est de 40% sur le total de 11,8 G$ provenant des 28 000 fermes québécoises. « Cela montre l’importance de ces secteurs pour le Québec », souligne d’ailleurs le rapport.

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Des simulations effectuées par l’Institut de la statistique du Québec ont établi en 2022 les retombées indirectes à environ 38 300 emplois directs et indirects, en plus de générer 3,8 G$ de valeur ajoutée, dont près de 1,3 G$ en salaires et traitements.

Du côté des régions, 29% des recettes ont été générées par ces productions dans huit régions centrales, un pourcentage qui se situe à 28% pour quatre régions périphériques, avec d’importantes retombées pour les emplois et les économies locales.

On ajoute que la valeur totale de toutes les productions sous gestion de l’offre étant du contenu québécois était estimé à 69 %. Autrement dit, pour chaque dollar dépensé dans les productions sous gestion de l’offre, « 69 cents ont servi à rémunérer des travailleurs et à rétribuer des entreprises québécoises. Les 31 cents restants ont principalement été utilisés pour payer les importations nécessaires aux activités », illustre le document.

À tous ces montants, on peut ajouter des investissements de 880 M$ en 2023. À peu près la moitié des sommes investies en agriculture au Québec la même année provient du secteur laitier.

En 2023, il s’est produit 3,48 milliards de litres de lait, 409 000 tonnes métriques de viande de poulet et de dindon et 178,7 millions de douzaines d’œufs en coquille. Le Québec est autosuffisant dans presque tous les secteurs, mis à part les œufs et la crème de consommation.

Le document termine en mentionnant le rôle de stabilisateur que joue la gestion de l’offre auprès des consommateurs, surtout si on compare la flambée des prix qui a lieu actuellement aux États-Unis en raison de la grippe aviaire qui a fait monter le prix de la douzaine d’œufs à plus de 7 $US.

« Les productions sous gestion de l’offre, en faisant correspondre l’offre à la demande et en étant moins soumises aux aléas des marchés internationaux, jouent un rôle de stabilisateur. Elles offrent un revenu stable aux agriculteurs, ce qui leur permet d’investir dans leurs activités et de soutenir la vitalité économique des milieux ruraux. Elles permettent également de garantir un approvisionnement régulier en produits locaux, tout en favorisant l’autonomie alimentaire. »

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.