La rentabilité des entreprises résiste aux assauts des dernières années

L’environnement d’affaire a été bousculé par de nombreux éléments, dont la pandémie et la guerre en Ukraine

Publié: 6 février 2025

Champs près de la rivière Ouelle à Kamouraska.

Dans la perspective de coûts additionnels pour les entreprises avec la menace de tarifs américains, quelle est la situation financière de ces dernières dans les principaux secteurs agricoles?

Un récent rapport préparé par la Direction des études et des perspectives économiques du MAPAQ tombe à point pour répondre à ces questions, surtout que l’environnement d’affaire a été bousculé par de nombreux éléments, la pandémie et la guerre en Ukraine pour n’en nommer que quelques-uns.

La bonne nouvelle est que les prix du marché semblent avoir suivi, avec une progression moyenne de 6% environ par an entre 2019 et 2023 pour les secteurs.

Les marges bénéficiaires s’amenuisent toutefois, surtout dans les élevages et la production de légumes. La production porcine est même dans le rouge pour 2022 et 2023.

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Le secteur laitier

Dans l’intervalle de cinq ans analysé dans le rapport, les revenus des producteurs laitiers provenant de la vente du lait ont crû en moyenne de 5,7 % par an, dans un contexte de hausse du prix du lait de 4,4 %. Les principales dépenses des producteurs laitiers comprennent les aliments pour animaux, les salaires, les coûts liés aux machines (réparations, assurances, carburants), les frais d’intérêts et les frais bancaires de même que les dépenses liées aux cultures. La hausse du prix du lait a contrebalancé la hausse des dépenses, surtout que des producteurs ont bénéficié durant la période d’une hausse du prix des grains.

La production céréalière

Ce sont d’ailleurs les producteurs de céréales qui enregistrent la plus forte hausse quinquennale parmi les cinq secteurs scrutés par le rapport, avec un gain des recettes provenant du marché de 12,1% pour total de 2 G$ en 2023, en raison de l’augmentation de 9,9% des prix obtenus sur la même période.

Les dépenses les plus importantes dans la production de grains comprennent les coûts liés aux cultures (engrais et chaux, pesticides, semences et plants), aux machines, au travail à forfait, aux salaires, ainsi qu’aux frais d’intérêts et aux frais bancaires. Les dépenses ont évolué pour passer de 56 à 59% en 2023 du total des revenus. La marge bénéficiaire est par conséquent passée de 18 à 17%. Elle avait connu un sursaut à 22% en 2022. Dans l’ensemble, de meilleurs prix ont permis d’éponger une partie de la hausse des coûts.

Les productions de porcs et de volailles

Les deux productions ont connu des trajectoires différentes, en raison de l’exposition plus grande de la viande de porc à la volatilité du marché et des difficultés du secteur au Québec depuis plusieurs années. Ce dernier est le seul à ne pas avoir montré une certaine résistance à la hausse des prix. On note au contraire une détérioration.

Dans la production porcine, les recettes monétaires ont progressé de 3,6 % depuis 2019, pour se chiffrer à 1,6 G$ en 2023, à la suite d’une augmentation annuelle du prix payé aux éleveurs de 3 %. Le rapport du MAPAQ note que le prix pour le porc en 2023 était inférieur de 10 % à celui de 2022. Les marges bénéficiaires ont été négatives pour les années 2022 et 2023. Elles étaient déjà minces dans les années précédentes à environ 3% entre 2019 et 2021.

Dans le secteur de la volaille et des œufs, les recettes ont augmenté de 9% pour atteindre 1,5 G$ en 2023, ce qui suit une croissance de 7,4% des prix payés aux producteurs. Tout comme la production porcine, les principales dépenses du secteur de la volaille et des œufs sont liées à l’achat d’aliments pour animaux et à l’achat de bétail. La hausse des coût des aliments a grimpé de 6% en cinq ans pour se situer à 36% du total des revenus, ce qui rend ce segment responsable de la réduction de la marge bénéficiaire qui est passée de 14 % en 2019 à 12 % en 2023.

Production de légumes

Les recettes monétaires du marché des légumes de champ et des melons ont atteint 635 M$ en 2023, ce qui représente une hausse de 6 % depuis 2019. La progression est liée à une croissance de 3,7% des prix payés aux producteurs.

La hausse des coûts dans le compte des dépenses est marquée dans la production. Les coûts ont progressé de 49 à 54% du total des revenus, surtout en raison de la part plus importante pour l’engrais. Les dépenses proviennent principalement des salaires, des coûts liés aux cultures (engrais et chaux, pesticides, semences et plants) et ceux liés aux machines (carburants, réparations et assurances). La marge bénéficiaire est ainsi passée de 15 % en 2019 à  9% en 2023.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.