Ce n’est pas seulement quelques flocons qui sont tombés dans les dernières heures, mais une véritable tempête de neige précoce qui laisse de 5 à 30 cm au sol, selon les endroits au Québec.
Ce dernier tour de Mère Nature laisse en plan les producteurs agricoles ayant eu espoir de terminer bientôt leur récolte de maïs-grain. Plusieurs attendaient des conditions plus favorables pour retourner dans les champs, après les pluies des derniers jours.
C’est le cas de Yanick Beauchemin de Nicolet qui a récolté 10% de ses cultures. « Contrairement à ailleurs, on n’a pas eu de gel en septembre. On avait un taux d’humidité de 30 à 32% et un rendement incroyable. On a failli aller battre au dernier gel, mais on a décidé d’attendre », dit-il.
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Même scénario pour Owen MacCullum. Situé à Noyan, le producteur et agronome en a encore pour 70 acres à battre, ce qui représente les deux-tiers de ses superficies de maïs. « L’humidité était encore très élevée à 28% il y a une semaine et demie. C’est le climat qui nous a mené à arrêter. Même si on est en semis direct, on ne voulait pas aller dans les champs, question de ne pas compacter les sols. »
L’avancement de la récolte varie selon les régions, mais il reste partout du maïs dans les champs. Johanne Van Rossum, productrice à Sainte-Brigide-d’Iberville, offre aussi des services à forfait. Plusieurs de ses clients n’ont pas terminé, tout comme elle. Elle invoque les mêmes raisons : trop d’humidité et des conditions pénalisantes pour la santé de ses sols. Elle estime la récolte de 50 à 60% complétée dans sa région.
Pour la suite, Johanne Van Rossum compte faire preuve de patience et attendre le bon moment. « Les épis semblent bien attachés. On a déjà terminé tard de récolter. On a même déjà battu en janvier. Il va falloir attendre que la neige fonde ou qu’il fasse froid. On n’est pas encore désespéré, mais c’est certain qu’on va finir tard cette année. »
Plusieurs producteurs ont en tête 2019. Cette année-là, une tempête de neige précoce à la fin d’octobre avait aussi ralenti la récolte. Le froid s’était installé à demeure et la neige était restée sur les épis et dans les champs. Plusieurs producteurs avaient dû attendre jusqu’en décembre, parfois jusqu’à Noël, avant de mettre un terme à la saison.
La différence entre 2019 et 2025 réside toutefois dans les rendements qui sont nettement meilleurs en général cette année. Malgré la sécheresse, des producteurs ont enregistré leurs meilleurs rendements à vie, ou encore des résultats très honorables tournant entre 14, 15 et 16 tonnes l’acre, souligne Stéphane Myre, agronome pour Bayer dans la région de Saint-Hyacinthe. Il n’anticipe pas d’effet sur la qualité du grain, mais des pertes pourraient survenir, selon l’état des plants. Il constatait mardi matin (11 novembre) la perte de la tête des plants par endroits, une conséquence de la neige lourde et humide tombée. De la verse pourrait également se produire, surtout si le vent se met de la partie.
C’est ce que redoute Owen MacCollum. Il indique que les tiges des plants sont « très, très fragiles » à la suite de la sécheresse de cet été, les tiges étant creuses à l’intérieur. Ses dates de semis se sont étirées du 9 mai au 9 juin. Il compte attendre que la neige fonde, ou un gel, pour raffermir le sol dans ses champs, avant de se risquer. Il se rappelle en 2019 avoir terminé le 25 au matin le séchage de son grain, mais cette année, au moins, les récoltes semblent très bonnes.

Yanick Beauchemin constate que son maïs demeure très solide, malgré les 25 cm tombés chez lui. Les épis continuent de descendre. « On va certainement avoir une période de 10 jours de beau temps pour continuer. J’ai l’avantage d’avoir ma batteuse et de pouvoir la sortir quand je veux, mais encore là, je ne peux rien faire si les conditions ne sont pas là. »
Johanne Van Rossum se résigne à attendre, bien que les prévisions ne soient pas encourageantes pour les prochains jours avec encore de la neige et de la pluie. Ce dont elle est certaine, c’est qu’elle ne veut pas compromettre ce qu’elle a accompli sur ses sols dans les dernières années, ou encore récolter au printemps. Un bon gel et un mercure négatif à -5, -10 degrés Celsius serait l’idéal en asséchant la neige. « Il faut être patient », selon elle.
L’important est de ne pas hypothéquer les champs en précipitant la récolte et travailler dans des conditions qui ne sont pas optimales, rappelle Stéphane Myre. « L’année se termine comme elle a commencé. 2025 aura été une année de compromis où on aura dû prendre la moins pire des décisions dans les circonstances. »
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