Le dicamba est dans la mire de Santé Canada

L’ARLA propose de nouvelles restrictions sur l’usage du dicamba dans le soya

Publié: il y a 1 heure

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Le dicamba est dans la mire de Santé Canada

Le 17 septembre, l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) a annoncé son intention de retirer l’autorisation d’appliquer du dicamba sur les variétés de soya tolérantes à cet herbicide une fois que la culture est en croissance.

Les producteurs de soya canadiens devront modifier leur méthode de lutte contre les mauvaises herbes si la décision proposée par Santé Canada est définitivement adoptée.

Ce changement viserait directement les semences de maïs et de soya commercialisées par Bayer sous la marque Roundup Ready XTend, qui tolère à la fois le glyphosate et le dicamba. Cette combinaison permettait jusqu’ici aux producteurs d’effectuer des pulvérisations en cours de saison pour maîtriser les mauvaises herbes.

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Dans un courriel adressé au Western Producer, Bayer Crop Science Canada a indiqué qu’elle évaluait encore la portée de cette décision et ses impacts sur l’industrie agricole.

« Bayer continue de défendre la sécurité de nos produits, dont le dicamba, un herbicide important pour les agriculteurs canadiens », a réagi l’entreprise.

« Le dicamba complète le glyphosate en tant qu’outil essentiel de protection des cultures, car il permet de lutter contre certaines mauvaises herbes résistantes au glyphosate et d’assurer un contrôle résiduel constant des mauvaises herbes à feuilles larges. Le dicamba, un outil important pour les agriculteurs, a été appliqué sur 9,3 millions d’acres au Canada en 2024 », selon Ag Data.

L’ARLA a mené un examen spécial sur les risques liés à la dérive de pulvérisation et à la volatilisation du dicamba. En utilisant les termes de Santé Canada, elle s’est penchée sur « le risque potentiel pour les plantes non ciblées lié à l’utilisation de produits commerciaux à base de dicamba ».

Changements envisagés pour le soya et le maïs

La décision proposée, mise en ligne le 17 septembre, aurait plusieurs conséquences pour les producteurs.

-Interdiction des applications post-levée sur les variétés de soya tolérantes au dicamba, alors qu’elles sont actuellement permises une ou deux fois après la levée.

-Usage du dicamba serait aussi banni dans la production de semences de soya tolérant au dicamba.

-Recommandation d’éviter d’appliquer le produit lorsque la température dépasse 25 °C, car les températures élevées peuvent provoquer la volatilisation du dicamba et sa dispersion hors du site.

-Réduction de la hauteur maximale des plants de maïs pour l’application, de 76 cm à 50 cm, afin de limiter les risques de dérive et d’harmoniser les règles avec celles des maïs non tolérants. Cela permettra de réduire le risque de dérive des pesticides vers les plantes voisines et de s’aligner sur la limite de hauteur d’application actuelle pour le maïs non tolérant au dicamba.

-Révision des zones tampons, désormais comprises entre 1 et 115 mètres pour les pulvérisations terrestres et de 45 à 800 mètres pour les applications aériennes.

Risque de dérive de pulvérisation et de volatilisation

Santé Canada a évalué le risque de dérive de pulvérisation et de volatilisation du dicamba, c’est-à-dire l’évaporation de l’herbicide du sol ou des tissus végétaux après son application. Les scientifiques de l’agence ont conclu que « le dicamba peut se volatiliser et se déplacer hors du site pendant toute la saison de croissance ».

De plus, Santé Canada a étudié des incidents où le dicamba appliqué sur des cultures tolérantes au dicamba a causé des dommages à des champs agricoles ou à des plantes avoisinantes.

Entre 2015 et 2025, 101 cas de dommages à des plantes non ciblées ont été signalés, « dont 89 % concernaient seulement cinq produits commerciaux dont l’utilisation est homologuée dans les cultures tolérantes au dicamba », a déclaré Santé Canada.

Certains experts en application de pesticides estiment que le risque de volatilisation du dicamba est trop élevé et ne peut être correctement géré. D’autres affirment que les nouveaux produits à base de dicamba sont moins volatils.

Selon la décision proposée par Santé Canada, les producteurs de soya pourraient toujours appliquer du dicamba sur le soya tolérant au dicamba avant le semis ou avant que la culture ne sorte de terre.

Toutes les utilisations du dicamba sur les cultures qui ne tolèrent pas cet herbicide, comme les céréales et les bleuets nains, resteront autorisées si les modifications proposées à l’étiquette sont mises en œuvre.

Santé Canada acceptera les commentaires écrits sur cette décision proposée jusqu’au 1er novembre.

Cet article de Robert Arnason publié dans Farmtario a été traduit et adapté par Le Bulletin des agriculteurs.

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