Le budget fédéral de 2025 a fait un pas en avant en reconnaissant l’importance de l’agriculture, mais n’a pas abordé les défis urgents comme les perturbations de la main-d’œuvre, l’interconnexion et la technologie de précision, selon la Fédération canadienne de l’agriculture (FCA).
« Pour la première fois depuis une dizaine d’années, voire plus, l’agriculture a été reconnue comme l’un des secteurs stratégiques », a déclaré Keith Currie, président de la Fédération canadienne de l’agriculture (FCA), dans une entrevue accordée à Glacier FarmMedia.
« Il y a beaucoup de choses là-dedans qui, si nous faisons bien notre travail, permettront à l’agriculture d’obtenir des programmes et des financements indispensables », a-t-il déclaré.
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Un nouveau modèle de transformation des résidus agricoles
Une nouvelle initiative a été lancée pour produire de l’énergie renouvelable à partir de résidus agricoles et forestiers.
Il a souligné que les investissements dans les infrastructures de communication et de transport, comme les chemins de fer et les ports, étaient des domaines où l’agriculture pourrait en tirer profit.
Le budget du gouvernement Carney, publié le 4 novembre, comprenait plusieurs investissements visant à diversifier le marché d’exportation canadien, à un moment où certains secteurs ont été fortement fragilisés par les différends commerciaux persistants avec les États-Unis et la Chine.
Diversification du commerce
Dans un communiqué de presse, la FCA a salué les investissements consentis à l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) afin de moderniser ses outils commerciaux et d’élargir l’accès au marché pour les agriculteurs, ainsi que le rétablissement de l’Initiative d’investissement accéléré.
Keith Currie a déclaré que le financement de l’ACIA pourrait avoir des retombées positives sur le marché canadien des exportations agricoles. « C’est un sujet dont nous avons beaucoup discuté avec nos homologues mexicains : comment simplifier et accélérer le passage des frontières? » a-t-il déclaré. Il me semble essentiel de doter l’ACIA de certains outils et d’un cadre réglementaire adapté pour y parvenir. »
Les Producteurs de céréales du Canada ont salué, dans un communiqué, l’attention portée à la diversification des échanges commerciaux dans le budget, mais ont également mis en garde contre d’autres mesures qui, selon eux, pourraient nuire à la compétitivité des exploitations agricoles canadiennes.
« Je constate directement l’impact des incertitudes commerciales sur les céréaliers à travers le pays », a déclaré Scott Hepworth, président des Producteurs de céréales du Canada, dans le communiqué. « Face aux difficultés rencontrées aux États-Unis et aux droits de douane imposés par la Chine, les producteurs subissent une forte pression. Les nouveaux investissements dans les outils numériques d’exportation et la diversification des marchés constituent des avancées positives. »
Le budget comprenait des mesures visant à aider les petites et moyennes entreprises à trouver de nouveaux marchés à l’étranger grâce à CanExport. Dans un communiqué publié après le dépôt du budget, la présidente de la Chambre de commerce du Canada, Candace Liang, a salué ce nouvel investissement, qui, selon elle, permettra aux entreprises canadiennes de ne pas être trop dépendantes du marché américain.
La Fédération des producteurs biologiques du Canada n’a pas été surprise de constater l’absence d’une attention particulière portée à l’agriculture biologique, mais ont indiqué que plusieurs changements pourraient potentiellement aider le secteur. De nouvelles initiatives commerciales pourraient contribuer à diversifier les débouchés des produits biologiques canadiens sur les marchés européens et indo-pacifiques très prisés, a déclaré Katie Fettes, directrice des politiques et de la recherche à la Fédération des producteurs biologiques du Canada.
« Tout cet effort axé sur le développement de nos infrastructures nationales, notamment pour soutenir la diversification commerciale, aura un impact positif sur le secteur, a déclaré Katie Fettes. Nos producteurs ont besoin de ces investissements supplémentaires et d’un meilleur accès au marché. »
L’un des principaux objectifs du récent Plan d’action pour l’agriculture biologique du Canada est d’accroître la production biologique afin de répondre à la demande du marché. Selon Katie Fettes, le développement des infrastructures, notamment en matière de transport et de transformation, peut contribuer à atteindre cet objectif.
Katie Fettes a déclaré qu’il était encourageant de voir le budget concilier objectifs environnementaux et économiques.
« L’accent est mis sur la compétitivité, la capacité à se diversifier, à renforcer la résilience, et si nous pouvons y intégrer la question du climat, c’est encore mieux, car nous accomplissons en quelque sorte deux choses à la fois. »
Réductions budgétaires
Les Producteurs de céréales du Canada ont salué l’annulation définitive de l’augmentation de l’impôt sur les gains en capital. Le groupe de producteurs a également exprimé son inquiétude face aux projets de réduction de 15 % du budget de fonctionnement d’Agriculture et Agroalimentaire Canada sur trois ans, qui, selon lui, pourraient nuire à la recherche et à l’innovation dans le secteur.
Les producteurs de fruits et légumes du Canada ont également exprimé leurs inquiétudes quant au fait que les coupes budgétaires d’AAC entraveraient sa capacité à moderniser les filets de sécurité agricole. Ils ont également souligné le manque d’investissements dans le secteur des serres.
L’Association des fabricants d’équipements s’est réjouie de l’attention portée par le gouvernement au développement des infrastructures et de la main-d’œuvre, en particulier de l’investissement de 75 millions de dollars dans le Programme de commercialisation agricole. Selon elle, toutefois, le budget présente une lacune, à savoir l’absence de financement pour l’adoption de technologies agricoles de précision.
L’Association des biocarburants du Canada a salué le budget pour ses mesures en faveur des biocarburants, notamment les 327 millions de dollars sur deux ans alloués à un programme d’incitation à la production de biocarburants.
La Fédération canadienne de l’agriculture a qualifié le budget d’« occasion manquée » pour certains des défis les plus urgents du secteur, notamment les perturbations de la main-d’œuvre, la protection des terres agricoles et la modernisation de la loi canadienne sur les grains.
Pour avoir les grandes lignes du budget fédéral pour le secteur agricole, cliquez ici.
Cet article de Jonah Grignon publié dans Farmtario a été traduit et adapté par Le Bulletin des agriculteurs.