Les réactions ont été multiples dans le secteur agricole à la suite du dévoilement le 15 avril du budget fédéral. Si certains ont salué certains aspects du plan, d’autres ont condamné le manque d’attention accordé à l’agriculture et aux agriculteurs.
L’UPA s’est dite déçue « de l’absence d’aide spécifique au secteur agricole canadien, malgré des besoins évidents dans la majorité des provinces au pays. » « La responsabilité de venir en aide au secteur agricole n’incombe pas uniquement aux gouvernements des provinces. L’inflation, l’augmentation des coûts de production et l’endettement touchent l’ensemble des fermes au pays. Il appartenait donc au gouvernement canadien d’aller au-delà de sa participation habituelle au financement des programmes fédéraux et provinciaux », a déclaré Martin Caron, président de l’UPA.
L’organisation relève que le revenu en agriculture a chuté partout au Canada dans la dernière année tandis que la dette a atteint des sommets.
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Les Producteurs de porcs du Québec ont dit appuyer les propos de l’UPA, en rappelant que des mesures sont nécessaires pour protéger l’accès aux travailleurs étrangers temporaires pour les fermes porcines et les abattoirs.
L’UPA a souligné quelques mesures qu’elle juge intéressantes :
- un montant additionnel de 64 M$ pour l’année 2024-2025 afin de soutenir le plafond de 250 000 $ de la partie sans intérêt du Programme de paiements anticipés (PPA), comme annoncé récemment par Agriculture et Agroalimentaire Canada. Rappelons que le gouvernement a temporairement fait passer le plafond de la partie sans intérêt du PPA de 100 000 $ à 250 000 $ en 2022 et à 350 000 $ en 2023;
- 24 M$ par année sur deux ans pour l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Santé Canada et l’Agence de la santé publique du Canada afin de maintenir le programme d’inspection de l’encéphalopathie spongiforme bovine (maladie de la vache folle);
- des modifications à venir à la Loi sur Financement agricole Canada pour favoriser l’investissement de capital de risque et le déploiement de technologies visant à atténuer les changements climatiques;
- le lancement de consultations, en juin prochain, sur l’interopérabilité et le droit à la réparation;
- diverses mesures fiscales touchant le traitement des gains en capital, dont l’effet combiné dépendra de la situation individuelle des producteurs et productrices agricoles.
Autres réactions
Les Producteurs laitiers du Canada (PLC) ont déclaré qu’ils se félicitaient de « l’exonération des gains en capital sur la vente d’actions de petites entreprises et de biens agricoles et de pêche à 1,25 million de dollars », étant donné que la plupart des producteurs laitiers possèdent des terres.
Ils ont également salué l’annonce du gouvernement concernant un programme national de repas scolaires. Les PLC ont ensuite souligné l’engagement du gouvernement à aider à protéger les agriculteurs des effets du changement climatique, mais se sont dits « déçus que le gouvernement n’ait pas profité de cette occasion pour s’engager spécifiquement à réviser les programmes de gestion des risques commerciaux du Canada pour l’agriculture ».
La Fédération canadienne de l’agriculture (FCA) a déclaré dans son propre communiqué qu’elle était « déçue de constater un manque d’investissement dans l’agriculture canadienne dans le budget 2024 ».
Le président de la FCA, Keith Currie, a reconnu les nombreuses priorités du gouvernement, mais a également déclaré que « le gouvernement ne peut pas se permettre d’ignorer la production alimentaire et les agriculteurs canadiens ».
Le FCA a pris note de ce qu’elle a qualifié d’« investissements positifs », comme le lancement de consultations sur l’interopérabilité et la réduction de carbone pour les petites entreprises, mais a déploré qu’« il n’y ait aucune mention de questions cruciales pour le secteur, comme les investissements dans les programmes environnementaux, les problèmes de main-d’œuvre chroniques, les problèmes liés à la production alimentaire ou à l’amélioration des infrastructures de transport et de commerce ».
« Si l’agriculture canadienne veut exploiter tout son potentiel économique et climatique, nous ne pouvons pas continuer à manquer des opportunités pendant que nos concurrents internationaux continuent d’investir dans leurs industries agricoles », a ajouté Keith Currie.
Les producteurs de grains mécontents
La Wheat Growers Association a été particulièrement critique à l’égard du budget, le qualifiant de « terriblement gonflé » et affirmant qu’il « ne répond pas aux véritables préoccupations des agriculteurs canadiens ». Elle a surtout critiqué le gouvernement pour ne pas comprendre les impacts de la taxe carbone sur les producteurs de blé.
« Les véritables problèmes qui nous touchent sont l’effet cumulatif de la taxe sur le carbone sur tout ce que nous faisons, le besoin croissant de coordonner la recherche sur les grains, l’augmentation du financement de l’ARLA et l’efficacité de l’industrie grâce à une Loi sur les grains du Canada améliorée. »
L’association a mentionné l’échec de l’adoption du projet de loi C-234, qui apporterait « un soulagement immédiat aux producteurs céréaliers de l’impact négatif de la taxe sur le carbone sur le séchage des céréales ».
Les Producteurs de grains du Canada (GGC) ont émis des plaintes similaires, surtout du côté législatif. « La Loi sur les grains du Canada est la loi habilitante qui soutient les producteurs de céréales et doit être modernisée pour refléter les réalités de 2024 », a déclaré le directeur exécutif de GGC, Kyle Larkin, dans un communiqué.
« Malheureusement, ce budget présente des lacunes dans les priorités politiques clés pour les agriculteurs, telles que les infrastructures, l’innovation, les incitations fiscales et les retards dans d’autres domaines politiques. »
Des éleveurs tout de même optimistes
La Canadian Cattle Association (CCA) a déclaré qu’elle était « prudemment optimiste » quant à la reconnaissance de l’efficacité de l’impôt différé sur le bétail. « Les producteurs de bœuf sont encouragés par le report de l’impôt sur le bétail dans le budget 2024 et nous espérons qu’un changement significatif interviendra rapidement, alors que nous nous dirigeons vers une autre saison extrêmement sèche dans l’Ouest canadien », a déclaré le président de la CCA, Nathan Phinney, dans un communiqué de presse.
Écrit en collaboration avec The Western Producer, Jonah Grignon (traduit de l’anglais)
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