L’an dernier, à peu près dans la même période, je participais à une journée de champ du laboratoire vivant sur la ferme de Jacques Côté. Lors de la présentation de la ferme, Jacques nous a offert un vibrant témoignage sur la détresse psychologique. Des dangers, du ravage que ça pouvait faire, puis que c’est une situation qui, au final, nous guette tous si on n’y fait pas attention. D’où l’importance d’en parler et surtout ne pas hésiter à demander de l’aide. Tellement touchant qu’on pouvait entendre une mouche voler.
J’avais l’impression de m’être découvert une nouvelle allergie tellement mes yeux piquaient. J’ai pu discuter quelques minutes avec Jacques et je lui disais que je prendrais le temps d’en jaser un peu plus tard avec lui. Je sentais que ce serait intéressant pour moi d’en jaser avec quelqu’un qui a eu sa part d’épreuves dans les dernières années.
Comme ça arrive régulièrement, le temps passe et on pédale, au sens figuré, pour répondre aux exigences de notre quotidien. Résultat : on n’a pas encore discuté ensemble. À bien y réfléchir, on nous suggère d’en parler. Parfait si on réussit à s’ouvrir et à en parler, encore faut-il quelqu’un qui écoute et qui peut assurer une présence. Alors pendant que je pédalais dans mes défis quotidiens, Jacques a décidé de s’impliquer. Eh oui, on peut écouter, assurer une présence et on peut aussi s’impliquer.
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Faire le plein pendant que j’essaie de faire le vide
Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
Alors qu’on fait partie des professions les plus touchées, on se dit: la santé mentale… ça va bien? Oui! Mais en dessous du oui, il y a aussi : «ouain, pas pire, ça pourrait aller mieux». Donc oui pour l’extérieur et non à l’intérieur. Aucune raison que ça aille mal! Et pourtant, comment ça va au fond? On est fait fort! Ça va se placer. C’est une mauvaise passe.
Il ne faut pas éviter le sujet! C’est important d’en parler. Moi, cette année, je trouve que ça va mal. J’ai l’impression d’avoir décollé le printemps avec une semaine de retard. La saison est assez décevante à date et on cherche. Coup donc, est-ce que fait quelque chose de pas correct? Ça use, ça gruge et je finis par me demander si je suis passé à côté de quelques détails. Parce que, bien sûr, certains ont très bien réussi. Il y a quelque chose que je n’ai pas bien fait.
La détresse psychologique, ça peut être aussi niaiseux que ça! Niaiseux dans le sens de sournois, qui peut paraître anodin, mais un sentiment qui peut s’amplifier. Il s’agit d’en parler ou de l’écrire. Sortir la pression du presto. C’est pour cette raison que j’ai décidé d’appuyer le projet de Jacques Côté afin d’aider au financement de départ de ce nouveau service (NDLR: Okérico, application en santé mentale pour le milieu agricole).
Je me permets une petite observation. Quand je partage des publications de belles photos ou de sources de références, j’ai régulièrement beaucoup de pouce en l’air et de beaux j’aime. Je ne vois pas autant de repartages ou de commentaires positifs quand je partage mon appui à l’importance de s’occuper de la détresse psychologique, c’est quand même bizarre. On arrive au cœur du problème. On a peut-être tendance à ne pas se sentir concerné. Et pourtant, les statistiques parlent d’elles-mêmes. Alors on doit en parler et s’impliquer. Soyons solidaires. Petits ou gros montants, dites-vous que c’est pour une bonne cause.
La santé mentale, c’est l’affaire de tous. Aussi bien s’en préoccuper.
Notre profession : agriculteur
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