Une communication réussie consiste à dire les bonnes choses, à la bonne personne, au bon moment, au bon endroit et de la bonne manière.
Publié dans Le Bulletin des agriculteurs de décembre 2010
par Pierrette Desrosiers, M.Ps, psychologue du travail
«Je me souviens très bien de ce qu’il m’a dit, il y a dix ans. Je ne l’oublierai jamais ! » Qui a dit que les paroles s’envolent et que seulement les écrits restent ? Attention, le pouvoir des paroles peut se tourner contre vous. Nous nous souvenons tous de paroles qui nous ont marqués, positivement ou négativement.
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La communication demeura sans doute toujours le nerf de la guerre dans les relations. Le défi d’une communication réussie ne réside pas seulement à dire les choses, mais consiste à dire les bonnes choses, à la bonne personne, au bon moment, au bon endroit et de la bonne manière.
Qu’est-ce qui nous empêche de bien communiquer? En bonne partie, les émotions qui nous habitent en relation avec la situation. Un agriculteur peut très bien être capable d’exprimer son idée sur un projet, d’expliquer à son fils comment faire une réparation, de trouver les mots pour résumer une rencontre de l’UPA, sans toutefois être capable d’exprimer ses craintes quant au transfert de la ferme ou de demander à son employé d’être à l’heure. Certains sujets suscitent plus d’émotions que d’autres. En fait, les sujets qui font émerger des peurs ou qui menacent l’égo élèvent le niveau d’anxiété ou de frustration.
Quelles sont ces peurs qui nous menacent ?
- Peur d’être jugé
- Peur d’être remis en question et d’être critiqué ouvertement
- Peur d’être dominé
- Peur d’être trahi
- Peur d’être incompris
- Peur d’être utilisé, manipulé
- Peur de révéler une faiblesse et d’être vu comme un incompétent
- Peur d’avoir mal
- Peur d’être ridiculisé publiquement
- Peur de la réaction de l’autre
- Peur de ne plus être aimé
- Peur de ne plus être respecté
- Peur de créer un conflit…
À vouloir éviter un problème ou de faire face à ces peurs, nous développons des insatisfactions qui se transforment en frustration. Avec les années, nous devenons comme un «presto» prêt à exploser. Il s’agit d’un événement anodin pour faire sauter la marmite.
Qu’arrive-t-il lorsque ce jour fatidique arrive et que nous parlons sous le coup de la colère ? Nous exprimons des idées qui dépassent notre pensée. Pourquoi ? C’est une question de physiologie. Nous n’avons plus accès à notre partie de cerveau rationnel (lobe préfrontal) qui nous permet de planifier, de peser le pour et le contre, de nous projeter dans le futur et d’anticiper les conséquences. Bref, nous sommes dépourvus de tout, ou d’une bonne partie, de notre cerveau rationnel, soit notre intelligence. C’est notre cerveau émotionnel, notre instinct de survie, qui prend le dessus. Après coup, nous le regrettons, notre estime de nousmême est affectée et si nous avons assez d’humilité (ce qui est plutôt rare), nous nous excusons.
Mais qu’en est-il de l’autre ? Celui qui a reçu ce trop-plein d’émotion, cette frustration accumulée avec les années ? Malheureusement, il ne se dit pas : « je comprends que sur le coup de l’émotion, c’est son cerveau reptilien qui a pris la commande ». Non, il est blessé dans son amour-propre et peut en être affecté pendant des années. Comme plusieurs m’ont souvent confié : « je suis convaincu qu’il pensait ce qu’il a dit, même s’il était en colère ».
Alors, s’il y une règle de base qu’il faut retenir en communication qui peut sauver des relations, c’est que sur le coup de l’émotion : « FERMEZ-VOUS ». Car ce que vous direz pourra être retenu contre vous !