Marché du maïs : de mieux en mieux ou de pire en pire, au choix…

Marché du maïs : de mieux en mieux ou de pire en pire, au choix…

Ce n’était pas nécessairement la meilleure année pour que ça arrive, mais c’est le cas: le début de saison est difficile et tarde aux États-Unis.

Essentiellement, depuis la mi-avril, le temps frais et surtout les précipitations à répétition persistent dans le Midwest américain. Et, malheureusement, on annonce encore deux autres semaines de précipitations encore au-dessus des normales pour une bonne portion du Midwest.

Bien entendu, pas de secret: un mauvais début de saison n’est jamais une bonne chose si on aspire à obtenir d’excellents rendements à l’automne. C’est l’équivalent de partir avec quelques minutes de retard un marathon. Pas impossible d’arriver quand même à la ligne d’arrivée avec un excellent résultat, mais plus difficile.   

Pour le maïs aux États-Unis, l’historique des dernières années révèle bien que c’est le cas. Un début de saison tardif n’exclut pas nécessairement que d’excellents rendements soient encore possibles à l’automne, mais les chances d’y arriver s’amincissent considérablement.

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Les cultures nous parlent, est-ce que vous les écoutez?

Pour chaque culture, il existe un moment où une simple marche dans la parcelle permet de détecter les anomalies susceptibles d’affecter le rendement et dont les symptômes peuvent s’estomper avant la récolte.

Ci-joint un graphique et un tableau pour bien illustrer cette situation.

Depuis que le USDA réalise son relevé hebdomadaire (1980) sur la progression des ensemencements américains, il y a neuf années où à la fin avril/début-mai, un retard comparable était affiché pour cette année. De ces neuf années, sept ont vu le rendement moyen américain du maïs reculer à l’automne par rapport à l’année précédente. Le recul en moyenne était de -12%, avec un minimum de -0,1% et un maximum de -28%!

Si on prend en compte un rendement moyen en baisse de -12% cet automne aux États-Unis, nos voisins du sud obtiendraient alors 156 bo./acre (9,8 t/ha) contre un record l’an dernier de 177 bo./acre (11,1 t/ha). Il s’agirait du plus faible rendement moyen américain depuis 2012…

Comme toujours, il faut néanmoins prendre un peu du recul et considérer que « parfois », un mauvais début de saison ne rime pas nécessairement avec mauvais rendement. Ce fut le cas en 1984 et en 2013 où ils avaient plutôt bondi de +32% et +28%.

On retient aussi que la machinerie agricole continue d’évoluer à vitesse grande V. Il ne suffirait probablement que d’une bonne fenêtre de temps chaud et sec de quelques jours pour que le retard dans les ensemencements américains fondent rapidement. Je doute que c’était autant le cas dans les années 80… Mais, après la sécheresse en Amérique du Sud, la guerre en Ukraine et le recul considérable des intentions d’ensemencements américains, ce retard n’en reste pas moins un autre imprévu pour tenir en haleine les marchés. S’il s’agit d’une bonne nouvelle pour les producteurs de grandes cultures, pour les acheteurs de grains, c’est une toute autre histoire.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Philippe Boucher

Jean-Philippe Boucher

Collaborateur

Jean-Philippe Boucher est agronome, M.B.A., consultant en commercialisation des grains et fondateur du site Internet Grainwiz. De plus, il rédige sa chronique mensuelle Marché des grains dans le magazine Le Bulletin des agriculteurs.