Désherbage par projectile mis à l’essai

Une équipe d’Agriculture Canada explore les possibilités de cette méthode pour contrer les mauvaises herbes résistantes

Publié: 11 octobre 2022

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Un pulvérisateur modifié qui pousse les projectiles avec de l'air comprimé

La lutte aux mauvaises herbes, et surtout les mauvaises herbes résistantes aux herbicides, est devenue une préoccupation importante, surtout en cette période où les intrants coûtent de plus en plus cher et les moyens de lutte de plus en plus limités.

Inspirée par une technique mise au point par des chercheurs de l’Université du Nebraska pour éliminer les mauvaises herbes touchant les cultures de maïs, une équipe d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) a élaboré ses propres essais au pays. Ces derniers s’inscrivent dans le cadre du projet des solutions de rechange en matière de lutte antiparasitaire visant à réduire l’utilisation des pesticides et des herbicides.

Appelée « désherbage par sablage ou par projectile », cette technique consiste à tirer sur les mauvaises herbes des matériaux naturels tels que du gruau de maïs, de la farine de gluten de maïs et des coquilles de noix. Cette solution de rechange aux herbicides est considérée comme un moyen efficace de tuer les mauvaises herbes ou de les endommager gravement dans les cultures de maïs tout en réduisant les coûts et les répercussions environnementales.

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Si elle s’avère efficace, elle pourrait être adoptée d’ici deux ans par les producteurs agricoles du Canada.

Le Centre de recherche et de développement de Harrow, en Ontario, a mis sur pied un projet de deux ans pour quatre cultures à valeur élevée pour lesquelles moins d’options d’herbicides sont disponibles, soient les haricots secs, les pommes de terre, les vignes et les bleuets. Cinq mauvaises herbes sont également visées. Il s’agit de mauvaises herbes à feuilles larges et de mauvaises herbes non graminées les plus courantes dans chaque culture. Des tests auront lieu au Québec sur des vignes.

Les tests consisteront à projeter, à l’aide d’une sableuse commerciale reliée à un compresseur d’air, des grains de maïs et des coquilles de noix de taille fine et grossière et un mélange des deux matériaux à raison de 480 kilogrammes par hectare, soit quelques grammes par mètre carré. Certains champs seront traités uniquement avec des projectiles, tandis que d’autres seront traités avec des projectiles combinés à une quantité réduite d’herbicide pour voir si le même contrôle des mauvaises herbes peut être obtenu sans aucun herbicide.

Source: AAC

D’ici 2024, l’équipe espère trouver le meilleur matériau pour les projectiles, ainsi que sa taille et son taux d’application idéaux, avec un contrôle des mauvaises herbes à plus de 80 % sans dommage aux cultures ni perte de rendement importante. Les chercheurs veulent également voir si les abrasifs propulsés par air peuvent réduire l’application globale d’herbicides dans les pommes de terre, les haricots secs, les vignes et les bleuets.

Afin d’appliquer efficacement ces matériaux dans les champs, les chercheurs de l’Université du Nebraska ont mis au point un pulvérisateur modifié qui pousse les projectiles avec de l’air comprimé par une buse au-dessus et à côté de la culture. Selon les tests, un épandeur d’engrais granulaire fonctionnerait aussi bien. Les deux options sont simples à modifier et seraient faciles à mettre en œuvre pour les agriculteurs.

Sans l’obligation d’enregistrement, les nouveaux matériaux de projectile pourraient être mis à la disposition des agriculteurs après seulement deux ans d’essais sur de petites parcelles. Comme les matériaux sont entièrement naturels, les agriculteurs pourraient même les produire eux-mêmes, indique AAC.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.