Mauvaises herbes résistantes : pas de solution simple

Des experts prévoient que les problèmes de résistance s'aggraveront fortement d'ici 10 ans

Publié: 25 janvier 2024

Une vergerette du Canada  résistante après application de glyphosate.

Avec le nombre de mauvaises herbes résistantes aux herbicides en croissance (des résistances multiples dans plusieurs cas), il pourrait devenir de plus en plus difficile de les contrer dans les prochaines années. Le problème pourrait devenir si grave qu’il pourrait entraîner des pertes de revenus importantes auprès des producteurs de grandes cultures.

Une équipe de journalistes de Reuters a fait enquête auprès de nombreux chercheurs, des producteurs agricoles et des entreprises en produits phytosanitaires. Il en ressort que les producteurs doivent utiliser de plus en plus de ressources pour s’attaquer au problème, avec des résultats mitigés, alors que les nouvelles solutions tardent à venir.

Les entreprises agrochimiques auraient diminué dans les deux dernières décennies la part de leurs revenus consacrés à des dépenses pour la recherche et le développement. Elles auraient également lancé moins de produits, selon AgbioInvestor, une firme anglaise qui analyse le secteur de la phytoprotection.

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Le directeur du Recensement international des mauvaises herbes résistantes aux herbicides (International Survey of Herbicide Resistant Weeds) déclare que les problèmes vont s’aggraver fortement dans les dix prochaines années. Le groupe, qui comprend des scientifiques dans plus de 80 pays, consigne des bases de données au niveau mondial. Selon les informations recueillies, l’efficacité du glyphosate diminue face à 361 variétés de mauvaises herbes, dont 180 situées aux États-Unis. Le dicamba aurait le même problème, mais pour 21 mauvaises herbes.

Selon Reuters, les entreprises en phytoprotection auraient dépensé 6,2% des revenus provenant de leurs ventes en 2020 pour le développement de nouveaux ingrédients actifs. En 2020, ce chiffre était de 8,9%. AgbioInvestor rapporte que le lancement de nouveaux ingrédients actifs a diminué de moitié entre 2000 et 2022. L’utilisation du dicamba, du glufosinate et du 2,4-D a pour sa part été élargie.

Les sociétés invoquent le fait qu’il est plus compliqué qu’auparavant de faire approuver de nouveaux produits. Les régulateurs seraient devenus plus stricts quant aux impacts environnementaux et sanitaires. L’agence de protection de l’environnement (EPA) des États-Unis dit ne pas avoir modifié ses règles depuis 1996, mais a déclaré que des efforts pour évaluer l’impact de nouveaux ingrédients actifs sur les plantes et la faune en danger ont retardé certaines décisions.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.