Bush taille dans le budget de l’agriculture

Publié: 11 février 2005

Washington (États-Unis), 7 février 2005 – Le président George W. Bush a dévoilé un budget 2006 prévoyant de tailler drastiquement dans les dépenses, que ce soit les subventions à l’agriculture ou les aides aux défavorisés, pour réduire le déficit, même si la défense reste largement épargnée.

Le budget présenté au Congrès prévoit un déficit de 390 milliards de dollars en 2006, soit 3% du Produit intérieur brut (PIB). Ce serait la première fois, depuis l’arrivée de M. Bush au pouvoir en janvier 2001, que le déficit budgétaire baisse.

En 2005 il devrait encore battre un record à 427 milliards de dollars.

Pour parvenir à cette inflexion, le budget de la Maison Blanche affiche une stricte rigueur, en maintenant à 2,1% — soit sous le niveau de l’inflation — la hausse des dépenses discrétionnaires, c’est à dire celles soumises à un vote du Congrès.

« Là où les circonstances l’exigent, le budget 2006 recommande d’importantes réductions des dépenses, voire l’élimination de programmes qui ne fonctionnent pas », a souligné M. Bush.

Et les circonstances l’exigent dans une multitudes de ministères: logement (-11,5%), agriculture (-9,6%), transports (-6,7%) et justice (-5,5%)…

M. Bush compte ainsi réduire drastiquement les subventions aux récoltes agricoles, une partie des aides aux logements pour les pauvres, les fonds alloués aux centres de prévention des maladies (CDC) ou encore les subsides à la compagnie ferroviaire Amtrak.

Au total, ce sont 150 programmes environ qui ont été jugés inefficaces ou non prioritaires.

Les dépenses discrétionnaires hors défense et sécurité devraient baisser de 1% en 2006. « Il faut remonter à l’administration Reagan pour retrouver une telle proposition de modération », se félicite le document de présentation du budget.

La sécurité nationale échappe à cette austérité, avec une hausse de 4,8% prévue pour les dépenses de défense et de 3% pour la sécurité du territoire — même si ce sont des hausses inférieures à celles de 2005.

« Le budget 2006 aide à remplir la responsabilité première du gouvernement: défendre notre pays de toute attaque », souligne le document.

Ces propositions ont soulevé l’indignation de l’opposition.

« Le budget est irresponsable d’un point de vue moral comme budgétaire », a déclaré la responsable des démocrates à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.

Le but, pour le président George W. Bush, reste de diviser le déficit budgétaire par deux d’ici cinq ans. Il compte ainsi ramener le déficit à 207 milliards de dollars à l’horizon 2010.

Mais les analystes restent prudents face à ces ambitions.

« L’austérité est moins importante qu’il n’y paraît au premier regard, et les chances de diviser le déficit par deux sont proches de zéro » si l’on intègre diverses inconnues, souligne David Rosenberg de Merrill Lynch (NYSE: MER – actualité) .

La première inconnue sera l’Irak. En effet le budget ne prend pas en compte quelque 80 milliards de dollars supplémentaires que M. Bush s’apprête à demander au Congrès.

Il y a ensuite le coût des baisses d’impôts si elles sont rendues permanentes — cela pourrait lourdement peser sur le budget à partir de 2011, selon M. Rosenberg, qui souligne que les projections présentées lundi ne vont que jusqu’à 2010.

Enfin l’assurance retraite risque de plomber le budget. M. Bush, qui a fait de la réforme des retraites un chantier prioritaire de son second mandat, plaide pour l’ouverture de comptes d’épargne privés. Mais les analystes estiment qu’il faudrait jusqu’à 2.000 milliards de dollars pour financer un tel bouleversement.

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Source : AFP