Ensemencements américains 2021, ça prend de bons rendements!!

Publié: 1 juillet 2021

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Ensemencements américains 2021, ça prend de bons rendements!!

Le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) a certainement présenté ce mercredi 30 juin l’un de ses rapports les plus attendus de l’année, celui sur les ensemencements américains. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça leur prend maintenant vraiment de bons rendements. Allons à l’essentiel.

Sans surprise, les superficies semées en maïs ont été révisées à la hausse à 92,7 millions d’acres contre des intentions à la fin mars dernier de 91,1 millions d’acres, et de 90,8 millions d’acres l’an dernier. En revanche, c’est moins que ce qu’anticipaient en moyenne les marchés, avec 93,8 millions d’acres. C’est tout près également des plus faibles prévisions qui avoisinaient 92 millions d’acres. Cette révision à la hausse plus modeste est donc positive pour le prix du maïs, alors que certains s’attendaient à bien davantage comme ensemencements américains en maïs cette année.

Pour le soya, le USDA aura surpris. On sait combien le prix du soya a grimpé au début du printemps, en avril. On s’attendait donc à ce qu’en moyenne, les ensemencements de soya américain grimpent à 89 millions d’acres. Mais l’évaluation du USDA est qu’il n’y aura finalement pratiquement pas de différence entre les intentions d’ensemencements de la fin mars, et son évaluation de juin qui est de 87,6 millions d’acres. Ce résultat est même sous les anticipations les plus faibles qui tablaient sur une légère hausse à 87,9 millions d’acres. Nul besoin de vous dire qu’ici aussi, c’est positif pour le marché du soya.

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On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.

Les ensemencements américains de blé auront été également surprenants. On s’attendait à une réduction en moyenne à 45,9 millions d’acres contre 46,4 millions d’acres à la fin mars. Mais ce fut plutôt une hausse à 46,74 millions d’acres. Ce résultat s’insère toutefois dans la fourchette des prévisions des marchés qui étaient de 44,2 à 49,9 millions d’acres. Donc oui, une surprise, mais rien pour faire plonger nécessairement les prix.

Maintenant, qu’est-ce que toutes ces nouvelles informations nous permettent d’envisager pour les prix des grains?

La hausse des superficies dans le maïs n’est pas en soi nécessairement positive. Ceci laisse un peu plus de marge pour des rendements un peu plus décevants que prévu cet automne aux États-Unis. Le cas du soya est différent, bien entendu. Puisque le USDA n’a pas rehaussé ses superficies ensemencées, il demeure toujours essentiel que de bons rendements soient obtenus. 

Mais dans les deux cas, il y a un bémol et il prend maintenant toute son importance. 

Pour parvenir à équilibrer ses bilans de la prochaine année dans le maïs et le soya, et faire en sorte que leurs inventaires remontent de leur creux de cette année, le USDA mise jusqu’ici sur d’excellents rendements, voire record dans le cas du maïs. Mais est-ce que ce sera vraiment le cas? 

Dans les dernières semaines, nous avons assisté à un recul important des prix à Chicago. L’un des éléments importants à l’origine de ce revers est les conditions météo plus favorables observées dans le Midwest américain depuis quelques semaines. Peut-on vraiment dire cependant que les conditions aient été assez favorables pour que de bons rendements soient assurés à l’automne? J’en doute…

En tenant compte du rapport d’ensemencements du USDA et la dernière carte de l’indice de sécheresse aux États-Unis au 22 juin dernier, je vous joins un aperçu de la situation.

En un coup d’œil, on comprend essentiellement que plusieurs régions, ainsi qu’un pourcentage considérable des cultures de maïs et soya dans le Midwest américain, composent toujours avec différents degrés importants de sécheresse. 

Bien évidemment, il demeure quand même possible que de bonnes précipitations changent la donne. Mais, le compteur tourne et ce n’est plus qu’une question de 1 à 2 semaine au maximum avant que la pollinisation débute dans le Midwest. Le remplissage des gousses se fera lui un peu plus tard, à partir de la fin juillet. Mais considérant ces conditions déjà très sèches pour plusieurs États américains, croire que d’excellents rendements américains soient possibles apparaît de plus en plus incertain dans plusieurs États américains.

Peut-on croire ensuite que les prochaines récoltes américaines parviendront vraiment à renflouer les inventaires américains l’an prochain? Rien n’apparaît moins sûr maintenant que l’on connaît ce qui aura été ensemencé aux États-Unis cette année. 

Attachez vos tuques avec de la broche, il y aura encore beaucoup de nervosité dans l’air dans les marchés pour un bon moment.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Philippe Boucher

Jean-Philippe Boucher

Collaborateur

Jean-Philippe Boucher est agronome, M.B.A., consultant en commercialisation des grains et fondateur du site Internet Grainwiz. De plus, il rédige sa chronique mensuelle Marché des grains dans le magazine Le Bulletin des agriculteurs.