L’année 2021 n’a pas été de tout repos, loin de là, mais en tout et partie, les recettes monétaires agricoles devraient atteindre pour l’année dernière 79,2 G$, en hausse de 10% selon les récentes estimations de Financement agricole Canada (FAC). La hausse devrait être plus modérée en 2022 à 4,6%. Au Québec, l’augmentation se situe à 7,4% à 11 G$ qui devrait être suivie d’un gain de 4% à 11,4 G$.
L’économiste Sébastien Pouliot de FAC ajoute cependant que les recettes ne sont qu’une partie du tableau. « Les RMA ne représentent que la moitié de l’équation pour mesurer la rentabilité. Nous devons garder à l’esprit que la croissance des RMA ne signifie pas nécessairement que les bénéfices agricoles augmentent – surtout cette année, compte tenu de la hausse rapide des coûts des intrants agricoles. »
Du côté des cultures céréalières, les revenus attendus sont en hausse puisque plusieurs producteurs ont profité des bons prix pour vendre avant la récolte. Puisque la récolte de 2021 est modeste, la quantité de céréales disponibles à la vente au cours des trois premiers trimestres de 2022 est faible par rapport aux années précédentes. Les prix élevés devraient se poursuivre en 2022 et entraîner une hausse des recettes pour la plupart des cultures.
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Pour les producteurs bovins, la situation a été mi-figue mi-raisin en 2021 puisque la hausse des prix pour la viande a été accompagnée par une hausse du coût des aliments. FAC s’attend à une hausse des recettes en 2022 bien que le nombre de bovins gras commercialisés en 2022 devrait diminuer en raison des coûts élevés des aliments pour animaux. Les animaux commercialisés devraient aussi l’être à des poids inférieurs, ce qui entraînera une baisse du volume par poids.
La situation pour la production porcine sera plus difficile en 2022 prévoit M. Pouliot. Les prix ont fortement augmenté en 2021 et si certains marchés étrangers comme la Chine ont été moins profitables, d’autres ont compensé, comme le Mexique. « Les marchés signalent un potentiel de croissance limité pour 2022. Nous prévoyons une légère baisse des prix du porc et une croissance marginale de la production. Les prix élevés des aliments pour animaux auront un impact négatif sur la rentabilité et entraveront la croissance de la production », estime l’économiste.
Les gains pour le secteur laitier ont été limités en 2021 en raison d’une demande moindre que prévu. Les recettes du secteur devraient être de 3,7% pour l’année dernière. La révision sur le prix de soutien du beurre depuis le 1er février devrait mener à une augmentation de 6,31 $/hl du prix du lait à la ferme. En conséquence, FAC prévoit « que le prix à la ferme des produits laitiers augmentera de 8,5 %. Les projections de la croissance de la production agricole se limitent à un gain de 0,4 % ».
Les prévisions sont soumises sous toutes réserves en raison du contexte et du marché. Dans ce cas-ci, il faut tenir compte des fluctuations du taux de change Canada–États-Unis, actuellement soutenu par un prix du pétrole élevé, un élément qui pourrait changer en deuxième partie de 2022.