
*Pour le moment, il est difficile de dresser un portrait global du Québec. Alors que les semences ont connu un départ canon cette semaine dans le Sud du Québec, il y a encore de la neige dans les régions plus à l’est et au nord. La variation entre les régions s’est aussi fait sentir cet hiver alors que certaines ont eu un bon couvert de neige, d’autres comme Lanaudière et l’Estrie par exemple ont connu un enneigement inférieur aux années précédentes. Au début avril, des luzernières étaient sorties de leur dormance et les semaines suivantes ont été froides avec quelques épisodes de gel. La question qui revient souvent : comment les conditions printanières peuvent avoir un impact sur le rendement des luzernières. Voici donc quelques réponses à cette question.
Il ne faut que 3 ou 4 jours consécutifs au-delà de 10 degrés C pour sortir la luzerne de sa dormance hivernale. Les points de croissance commencent alors à croître et à utiliser les réserves de la plante. Ils deviennent alors sensibles aux dommages causés par le gel une fois leur développement entamé. Les dommages peuvent être plus ou moins importants en fonction de la température enregistrée et de la durée de celle-ci. Il faut garder en tête que la température près de la surface du sol est généralement plus élevée que la température de l’air enregistrée.

Le nombre de fois que la plante passe par le cycle gel/dégel peut aussi avoir une influence. Les conditions d’humidité du sol sont aussi à prendre en considération. Si le sol est sec, il permet au froid de descendre en profondeur alors qu’un sol humide crée du givre sur les plantes, ce qui peut être très difficile pour elles lorsqu’elles sortent tout juste de leur hibernation. Le point positif est que tous les bourgeons ne commencent pas à pousser en même temps. Donc, on peut en perdre une partie en début de saison, mais la plante peut retourner en dormance partielle et revenir un peu plus tard sans trop de mal.
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À partir de quelle température peut-on enregistrer des dommages ?
Des dommages légers sont causés aux feuillages avec des températures de -3, mais n’endommagent pas les tiges ni les points de croissance. Ils entrainent plutôt des taches blanches sur le feuillage.
Des températures inférieures à -4 degré C pendant 4 heures ou plus endommageront les points de croissance et les tiges mourront.
Il faut un gel beaucoup plus puissant pour tuer une couronne entière de luzerne et cela se produit très rarement.
Les luzernes endommagées par le gel vont récupérer et repartir leur croissance à partir des bourgeons axillaires ou des bourgeons de couronnes nouvellement formés. Ce processus est difficile pour la plante qui a déjà utilisé une partie de ses réserves pour entamer sa croissance au printemps. En plus de créer un retard de croissance, on épuise les réserves de la plante. Comme les dommages peuvent être variables dans le champ, on peut observer des inégalités au niveau de la maturité et bien sur une réduction du rendement de la première coupe.

Si on réunit en un printemps toutes les conditions difficiles pour la luzerne, comme en 2019, il y a un risque de tuer tous les points de croissance, donc la plante n’y survit pas.
Ce n’est donc pas de très basses températures qui tuent la luzerne au printemps, mais bien plusieurs périodes de froid et de cycle gel/dégel.
*Texte réalisé en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères. Les propos exprimés dans le texte relèvent toutefois de l’auteur et n’engagent pas le CQPF.