La luzerne n’est pas comme un ado: elle se couche tôt

Attention à la verse en début de saison dans les prairies

Dans cette photo prise le 10 juin, la verse aurait été probablement pire s’il n’y avait pas eu de fléole et de dactyle dans le mélange.

*Les mauvaises conditions de ce printemps (pluies abondantes, vents forts et températures froides) nous ont retardé dans les champs. En plus de nous empêcher de semer à des dates plus convenables, ces conditions météorologiques ont été très propices à la verse dans nos prairies.

Prévenir la verse est crucial dans la luzerne, car cela peut entraîner une diminution de la qualité fourragère, une complication des opérations de récolte et une augmentation du risque de maladies.  Récolter la luzerne au bon stade de maturité est sans aucun doute la première chose à faire. Plus la végétation est luxuriante, plus le risque de se coucher est fréquent.

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Étant donné que certaines luzernières ne sont pas comme nos ados et qu’elles peuvent avoir tendance à se coucher trop tôt, aurions-nous pu mettre plus de chance de notre côté pour diminuer cette verse?  Regardons trois facteurs sur lesquels nous pouvons avoir de l’influence.

1. La fertilisation

Il est bien connu que de fortes applications de fumiers ou d’apports azotés peuvent causer la verse dans plusieurs cultures. Comme la luzerne est une légumineuse et qu’elle possède la capacité de combler une partie de ses besoins azotés grâce à ses nodules qui fixent l’azote atmosphérique, un meilleur ajustement de notre fertilisation azotée pourrait être à surveiller et peut-être même à diminuer.

Par contre, pour la potasse, c’est tout l’inverse qui se passe! Vous rappelez-vous de mon effet Viagra de la potasse dans une de mes chroniques précédentes? En résumé, la potasse aide à promouvoir une structure de la paroi cellulaire saine et ainsi rendre la plante plus droite! La pression de maladies par le fait même tend à diminuer avec cet apport de potasse. Donc, un peu de N et plus de K pourrait être une combinaison gagnante dans nos praires à fort pourcentage de légumineuses. Un bon équilibre est le succès!

2. Le choix de la variété

Il y a souvent un compromis à faire entre la grosseur de la tige pour une meilleure tenue et pour la qualité fourragère. Je ne pense pas que nous voulons retourner en arrière avec des luzernes à tige grossière qui nous faisaient perdre plusieurs points de digestibilité de la fibre. Je parle plutôt de variétés de luzerne plus courte, dont les entrenœuds sont plus rapprochés et dont le rapport feuilles\tiges est plus élevé. Il existe vraiment une différence dans les variétés au niveau de la longueur des tiges. 

Différences entre les variétés de luzerne au niveau de la grosseur de la tige et du nombre de feuilles.(Même date de semis, même date de coupe, même fertilisation, même champs). Source: Sylvia Megens, DLF, le 5 juin 2025.

Si la verse est un problème récurrent, discutez avec vos semenciers pour choisir une variété plus courte et plus résistante.

3. Ajout d’un tuteur (un poteau)

Ici je parle d’ajout de graminées dans le mélange comme la fléole, le brome, le festulolium de type fétuque, la fétuque des prés ou même le dactyle. Le fait d’avoir un mélange plus complexe permet d’obtenir une synergie et ainsi, les espèces plus souples peuvent se tenir sur les plus solides. Chaque espèce en pur est souvent plus à risque de verser que trois ou quatre espèces mélangées ensemble. Il faudra dans ce cas revoir encore une fois notre fertilisation si on ajoute plus de graminées à notre mélange.

Ce qu’il faut surtout retenir, c’est que plus la fertilité de nos sols est élevée, plus les rendements sont élevés et plus on a un risque de verse équivalent.

*Texte réalisé par Brigitte Lapierre en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF). Les propos exprimés dans le texte relèvent toutefois de l’auteur et n’engagent pas le CQPF.

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