
*Nous connaissons des conditions printanières un peu embêtantes cette année. Plusieurs avis de gel au sol ont été annoncés et des gels ont sévi, tandis que durant le jour, nous atteignons des 20°C.
Pour nous les humains, il est facile de s’ajuster; nous ajoutons un kangourou ou nous l’enlevons et nous devenons ainsi confortables.
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Par contre, la luzerne ne peut pas en faire autant. Je peux vous assurer qu’elle a eu très froid lors des nuits atteignant 0°C et des stress ont été remarqués dans les prairies. Le jour, la luzerne a des conditions optimales pour croître, mais la nuit elle connaît des températures la disposant à entrer en dormance.
Pouvons-nous l’aider à repousser ce stress et à ne pas attraper la grippe notamment en lui donnant des « médicaments »? La réponse est oui. Il est évidemment trop tard pour agir sur la première coupe qui approche à grand pas, mais on peut songer à ce qu’on peut faire pour s’assurer d’une excellente deuxième coupe, tant du côté rendement que qualité nutritionnelle.
Tout d’abord, il faut comprendre que la recette exposée ci-dessous fonctionnera seulement si nous avons des conditions gagnantes dès le départ, c’est-à-dire un pH optimal aux alentours de 7 et un sol bien drainé.
Vous avez sans doute deviné que je ne parle pas de médicaments en soi, mais bien d’éléments fertilisants. Lesquels devrait-on prioriser après la première coupe, étant donné ces circonstances météorologiques stressantes?
Voici ma liste qui se résume principalement en 3 éléments : du viagra, un supplément protéiné et des probiotiques.
- Le viagra = la potasse! Le potassium a cette particularité qu’il est mobile dans la plante. Je l’appelle affectueusement le viagra, car il a un rôle d’endurcissement de la plante et il favorise la formation de la lignine qui joue un rôle de premier plan dans la vigueur des tiges et la résistance à la verse. La luzerne devient ainsi plus résistante aux maladies, aux insectes et aux intempéries. Il influence également le prélèvement d’eau dans les racines, ce qui l’aidera grandement en période de sécheresse.
Recommandation : Selon l’analyse de sol et la texture de sol, mais assurerez-vous de combler tous les besoins indiqués dans votre PAEF.
- Le supplément protéiné = le soufre! Le soufre est un constituant de 2 des 21 acides aminés qui forment les protéines. Il participe à la fixation de l’azote dans les légumineuses. Vous recherchez un peu plus de protéines dans votre ensilage de légumineuses, atteint au bon stade? Ajoutez un peu de soufre dans votre fertilisation et regardez vos analyses changer.
Recommandation : épandre 6 kg/ha de soufre sous forme de sulfate par tonne prévue de matière sèche produite.
- Les probiotiques = le bore! Les probiotiques sont des bactéries bénéfiques qui offrent de nombreux avantages pour la santé, notamment une meilleure régulation de la glycémie. Et bien, le bore a un peu le même rôle puisqu’il contribue à la métabolisation des glucides et à la translocation des sucres. La croissance et la rusticité de la luzerne peuvent être grandement affectées si cet élément n’est pas accessible.
Recommandation : épandre 1 à 2 kg\ha de bore.
Maintenant, c’est à votre tour d’agir comme pharmacien auprès de vos prairies et d’utiliser la bonne recette pour les soigner!
*Texte réalisé en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères. Les propos exprimés dans le texte relèvent toutefois de l’auteur et n’engagent pas le CQPF.