Soya: Des semences traitées à faible efficacité

Une étude du CÉROM soulève des questions quant à l'utilité d'un type de semence traité contre les pucerons

Publié: 10 septembre 2022

Des pucerons!

Les pucerons ont fait parler d’eux cette année. Les populations de pucerons ont été abondantes, surtout dans le soya, et à voir la quantité de coccinelles, ces dernières ne manquent pas de pucerons à se mettre sous la dent. Il semble donc à propos de se demander si des semences traitées contre les pucerons pourraient être d’une certaine utilité. Il semble cependant que le recours à ces semences ait peu de portée au Québec.

Selon un avis du CÉROM, transmis par le Réseau d’avertissement phytosanitaire (RAP), « l’utilisation de traitements de semences insecticides contre le puceron du soya a peu ou pas de chance d’être efficace contre cet insecte ». Sébastien Boquel, chercheur et entomologiste au CÉROM, indique que 17 à 28 % des champs (dépendamment des années) ont été ensemencés avec des semences traitées à l’insecticide parmi la soixantaine de champs dépistés annuellement par le RAP Grandes cultures pour le puceron du soya entre 2014 à 2022.

Deux raisons expliquent le peu de performance de ces semences. Les données de dépistages réalisés par le RAP Grandes cultures depuis 2002 montrent que le puceron du soya est habituellement présent à partir de la deuxième semaine de juillet dans les champs de soya, parfois début juillet lors d’années plus hâtives. Ne pouvant hiberner au Québec (selon de récentes études du CÉROM), les pucerons proviennent en effet des États-Unis à partir de ces dates.

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Par ailleurs, plusieurs études américaines démontrent que ces traitements de semences ne sont généralement efficaces qu’en début de saison et pour une durée d’environ 35 jours après le semis, soit environ jusqu’au stade V2 du soya. Durant cette période, les concentrations en matières actives diminuent graduellement à l’intérieur des plants.

Les chercheurs du CÉROM en viennent donc à la conclusion que le soya avec traitements de semences insecticides ne serait plus suffisamment protégé contre le puceron du soya, considérant qu’au Québec les derniers semis de soya sont généralement effectués à la fin mai. Une fois la mi-juillet atteinte, les matières actives présentes dans les plantes sont minimes, voire négligeables.

Source: RAP

Le dépistage demeurerait le meilleur moyen pour détecter la présence de l’insecte, tout comme les avis du RAP.  » Dans le cas du puceron, il est plus suggéré de faire des dépistages réguliers, desurveiller les populations ainsi que les ennemis naturels. Les pucerons sont généralement bien maîtrisés par ces derniers », mentionne M. Boquel. Les traitements appropriés devraient, quant à eux, faire l’objet d’avis des agronomes.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.