Le travail réduit du sol : que considérer avant de se lancer?

Une réflexion s'impose ainsi que des essais avant de choisir la meilleure technique pour ses champs

Publié: 22 novembre 2022

Le travail réduit du sol : que considérer avant de se lancer?

Les équipements dédiés au travail minimum du sol se sont multipliés sur le marché dans les dernières années avec des formules qui se ressemblent à quelques exceptions près. Il est bien tentant alors de s’équiper, mais le saut vers le travail réduit demande une bonne dose de réflexion, d’essais et de débrouillardise, selon un webinaire consacré à la question par le CRAAQ. Eliane Martel et Stéphanie Veilleux de Lavi-Eau-Champ ont décortiqué la question, en passant de la technique elle-même aux différents équipements disponibles sur le marché.

Le travail réduit signifie une incorporation incomplète des résidus de cultures qui n’est pas le labour, mais prend différentes formes.

Les avantages par rapport au travail conventionnel comprennent une économie de temps et de carburant, la protection des sols, l’augmentation de la matière organique, un milieu plus favorable aux microorganismes et une meilleure santé des sols, dont la fertilité. En comparaison avec le semis direct, l’assèchement au printemps est plus rapide et il permet de décompacter la surface. En contrepartie, les résidus peuvent être trop abondants pour un semoir traditionnel et l’assèchement moins rapide au printemps par rapport au labour. Le passage des équipements à l’automne doit se faire en conditions sèches et le contrôle des mauvaises herbes doit se faire sous une autre approche.

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Durant la transition, Mme Martel indique qu’il faut s’assurer que le réseau hydraulique est en bon état avec un bon chaulage et une absence de compaction. On privilégiera aussi les meilleurs champs pour se donner des chances de réussir. Il faut d’ailleurs considérer dans quel type de sol on travaille et adopter les méthodes de travail appropriées, selon qu’on fait face à un sol argileux, sableux ou limoneux. Selon le sol, le travail sera plus approprié au printemps ou à l’automne.

De la même façon, il faut considérer la rotation des cultures et les résidus qu’ils laissent au sol. Le maïs-ensilage et le maïs n’auront pas la même gestion puisque le premier est récolté tôt et laisse peu de résidus, tandis que le second termine la saison avec beaucoup de résidus. Le contrôle des mauvaises herbes doit, pour sa part, faire l’objet de différentes techniques selon les champs et les problèmes, ce qui veut dire du brûlage de fin de saison ou en pré-semis, post-levée, résiduel, etc.

Il est possible maintenant de travailler avec une grande variété d’équipements. Quelques questions doivent être posées au préalable, en plus des types de sols et des cultures. Veut-on acheter ou est-il possible de modifier son équipement? Une CUMA a t-elle l’équipement recherché? Mme Veilleux souligne par ailleurs qu’il faut presque faire le deuil d’un équipement idéal. L’année 2022 avec un printemps humide, difficile à travailler, a démontré les limites des travaux possibles et une grande quantité de paille du côté des céréales. Il peut être également utile de conserver la charrue pour faire des travaux de nivellement. La conseillère recommande toutefois de respecter certains critères dans le choix de l’équipement: léger, large et un résultat de travail du sol assez égal. Surtout, il faut éviter de se suréquiper.

Il existe trois grandes catégories d’équipements: ceux à disques, à pattes et les combinés. Les premiers vont découper le sol et les résidus tout en pulvérisant et broyant. Ils sont recommandés pour tous les types de sols et sont à privilégier à l’automne. Ils sont idéaux pour l’incorporation des engrais organiques et les engrais verts. Les équipements à pattes créent, quant à eux, une onde de choc en fissurant le sol, ce qui entraîne les particules grossières à la surface. On les recommande au printemps, tout en faisant attention aux champs avec beaucoup de résidus. Les combinés vont réunir des caractéristiques des équipements à pattes et à disques. Mme Veilleux apporte un bémol aux déchaumeuses et aux herses rotatives qui sont des équipements lourds et ont un faible rayon de travail, surtout que plusieurs passages dans le champ peuvent être nécessaire pour avoir une surface adéquate pour la prochaine culture.

En conclusion, il faut être prêt à sortir de sa zone de confort, car de nombreux essais seront peut-être nécessaires avant de trouver la bonne stratégie. Pour de meilleurs résultats, le mieux est de débuter avec de bons champs prêts à la transition. Et si l’équipement idéal n’existe pas, il est possible d’assister à des démonstrations ou encore de louer de l’équipement pour le tester à la ferme avant de l’acheter, une option offerte par de nombreux fabricants. Mais avant tout, il faudra être patient avant de recueillir les fruits de son travail et réactif face aux situations.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.