Steve Groff, star des cultures de couverture

Ses services de consultation sont sollicités par des producteurs du monde entier

Publié: 1 mars 2023

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Steve Groff, producteur de la Pennsylvanie, est une véritable star pour les adeptes des cultures de couverture.

Une activité inspirante et ressourçante. Ce sont les deux mots qui revenaient le plus souvent dans la bouche des participants à la sortie de la classe de maître sur les cultures de couverture donnée par Steve Groff.

Steve Groff n’est pas un nom avec lequel la majorité des producteurs québécois sont familiers. Il en va autrement pour les adeptes des cultures de couverture. Dans ce domaine, ce producteur de la Pennsylvanie est une véritable star. Il faut savoir qu’il développe son expertise sur les cultures de couverture depuis pas moins de trois décennies. Cela l’a d’ailleurs amené à concevoir le premier rouleau-crêpeur en Amérique du Nord. Ses services de consultation sont sollicités par des producteurs du monde entier. Il est aussi l’auteur d’un livre remarqué sur l’agriculture régénératrice : The Future Farm : Changing Mindsets in a Changing World.

L’idée qu’ont eue le Club Action-Billon et ses partenaires Équiterre et Régénération Canada de l’inviter à donner une classe de maître au Québec ne manquait pas d’audace. La participation de quelque 90 producteurs et conseillers à cet événement qui a pris place le 23 février dernier à Drummondville démontre qu’ils ont visé dans le mille.

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Wikipédia définit la classe de maître comme un cours de perfectionnement et de partage d’expérience donné par l’expert d’une discipline. Pour une majorité de participants, il s’agissait d’une première. Plusieurs nous ont confié au départ qu’ils ne savaient pas exactement à quoi s’attendre. Une productrice s’est même dite un peu intimidée. « Je ne suis pas une experte sur les cultures de couverture, a-t-elle déclaré. J’ai peur de ne pas être à la hauteur. »

Ses craintes ont dû disparaître dès que Steve Groff s’est présenté au micro, son traditionnel chapeau australien sur la tête. Raconteur captivant maniant avec habileté les formules-chocs (voir ci-bas), il a d’abord décrit sa ferme et esquissé son parcours. Son exploitation de 80 hectares (200 acres) – Ceader Meadow Farm – combine des grandes cultures, comme le maïs-grain, à diverses productions maraîchères, dont la courge, la citrouille et la tomate sous tunnel. Depuis maintenant quatre décennies, il développe des pratiques qui visent à améliorer la qualité de son sol tout en assurant une rentabilité adéquate à son exploitation. Son premier virage majeur a été d’adopter le semis direct. Il a été aussi loin que de planter des tomates en semis direct! « Il y a une ligne que je refuse de franchir, a-t-il lancé. C’est celle de travailler le sol. »

L’adoption des cultures de couverture a suivi quelques années plus tard. À coups d’essais et d’erreur, il a élaboré un système de cultures qui obéit à un principe simple : le sol n’est pas fait pour rester à nu. « Mon idéal, a-t-il lancé, c’est une culture de couverture qui pousse à travers les résidus de la culture commerciale qui l’a précédée et de ceux de la culture de couverture qui venait avant cette culture commerciale. »

Humble en dépit de son impressionnante feuille de route, Steve Groff a exposé ses bons coups comme ses mauvais. Il s’est gardé de proposer des solutions aux problèmes pratiques soulevés par les participants, se limitant à esquisser des pistes à explorer. Cela tombe évidemment sous le sens compte tenu des différences climatiques et pédologiques entre la Pennsylvanie et le Québec. « Je ne suis pas ici pour vous dire quoi faire, a-t-il déclaré. Les réponses sont dans la salle. » Une perception d’ailleurs partagée par les organisateurs de l’événement. « Il y a beaucoup d’expertise parmi les participants », a confirmé l’un d’eux, Jean-François Messier.

Le déroulement de la journée avait justement été pensé pour mettre à profit cette expertise. Des ateliers ont été intercalés entre les interventions de Steve Groff afin de permettre aux gens d’échanger entre eux sur leur savoir-faire et de réfléchir sur les façons de faire évoluer leurs systèmes culturaux. Précisons que les ateliers regroupaient les participants selon leur provenance: production laitière, cultures maraîchères, productions bio et conventionnelle, etc.

Voici en terminant quelques phrases-clés formulées par Steve Groff :

« Si votre agronome ne traîne pas une pelle dans sa camionnette, mettez-le à la porte! » (Une allusion à l’importance des profils de sol)

« J’ai inscrit ma signature sur mon sol. »

« Vous voulez faire de votre ferme un zoo d’insectes bénéfiques. Créez votre zoo! »

« Avez-vous déjà calibré vos sols en faisant des parcelles avec 0%, 50% et 100% de la dose de fertilisant recommandée? Vous pourriez être surpris des résultats! »

« Donnez-vous un mentor! Il vous en faudra un pour passer à un niveau supérieur. »

À PROPOS DE L'AUTEUR

André Piette

André Piette

Journaliste

André Piette est un journaliste indépendant spécialisé en agriculture et en agroalimentaire.