Après un léger ralentissement dans les deux dernières années, la valeur des terres agricoles au Canada a connu un autre bond en 2022 en progressant de près de 13%. Il s’agit de la plus forte augmentation de la valeur des terres depuis 2014. Au Québec, la hausse enregistrée est de 11%.
La valeur des terres agricoles a progressé au Canada de 8,3 % en 2021 et de 5,4 % en 2020.
Les hausses moyennes les plus marquées de la valeur des terres agricoles ont été observées en Ontario, à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick, avec des hausses respectives de 19,4 %, 18,7 % et 17,1 %. La Saskatchewan arrive ensuite avec une hausse de 14,2 %. Cinq provinces ont enregistré des augmentations moyennes inférieures à la moyenne nationale, soit la Nouvelle-Écosse (11,6 %), le Manitoba (11,2 %) et l’Alberta (10 %).
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Au Québec, la valeur des terres cultivées est en hausse constante depuis 37 ans. En 2022, la province a enregistré une augmentation de 11,0 %, après avoir progressé de 10,0 % en 2021 et de 7,3 % en 2020.
La hausse la plus marquée en 2022 s’est produite dans la région de Mauricie-Portneuf avec une augmentation de 19,2 %. Elle est suivie par le Bas-Saint-Laurent-Gaspésie (18,3 %), l’Estrie (17,8%), l’Outaouais (15,7 %), le Centre-du-Québec (14,1%), le Saguenay-Lac-Saint-Jean (14,0 %) et Chaudière-Appalaches (13,5 %).
Les prix semblent par ailleurs se stabiliser en Montérégie avec un gain de 4,6% l’an dernier.
La hausse déjoue les prévisions de Financement agricole Canada (FAC), avoue Jean-Philippe Gervais, économiste en chef. « Les conditions économiques difficiles auraient pu ralentir la demande de terres agricoles et donc faire baisser le prix payé pour ces terres en 2022. Toutefois, les facteurs fondamentaux sous-jacents du marché des terres agricoles dressent un portrait bien différent. »
La hausse des taux d’intérêt au pays, qui ont grimpé de 4% en 12 mois, n’a pas joué le rôle attendu, comme cela a été le cas dans l’immobilier. Au lieu de freiner les achats, ils se sont poursuivis de plus belle, même avec les prix élevés des intrants. Selon Jean-Philippe Gervais, les revenus agricoles élevés soutiennent la demande, mais le facteur le plus important serait la rareté des terres disponibles. « Le marché des terres est très localisé entre certains acheteurs. Les terres disponibles sont rares et cela crée donc une concurrence. Il faut aller voir du côté de l’offre pour expliquer la tendance. »
Selon FAC, les recettes monétaires tirées de la production de céréales, d’oléagineux et de légumineuse ont augmenté de 18,3% et devrait croître de 9,4% en 2023.
Jean-Philippe Gervais reconnaît que la hausse du prix des terres agricoles représente un défi pour les jeunes producteurs, les nouveaux agriculteurs et les autres propriétaires qui souhaitent faire prendre de l’expansion à leur exploitation.