Le soya à risque après les inondations

Le RAP note que le soya se tire habituellement mieux d'affaires en conditions de sol saturé d’eau que le maïs

Publié: 20 août 2024

On voit bien les impacts des inondations suite au passage de Debby. Photo: Renaud Péloquin, Ferme de Ste-Victoire, Montérégie-Est

Les inondations du 9 août sont choses du passé pour la plupart des champs, mais dans certaines régions, l’eau a pris son temps pour se retirer. À ce stade-ci des cultures, les impacts d’un manque d’oxygène des racines sont divers.

Le Réseau d’avertissement phytosanitaire (RAP) a pris le temps de décrire les différentes conditions pour lesquelles les inondations auraient pu avoir des conséquences pour les cultures de soya et de maïs. En général, les dommages peuvent prendre la forme d’un risque plus élevé de maladie et de perte en azote, selon la durée de l’inondation et le stade de croissance, et au pire une perte de rendement.

Le RAP note que le soya se tire habituellement mieux d’affaires en conditions de sol saturé d’eau que le maïs. Toutefois, de nombreux champs se trouvent au stade le plus critique pour ce type de conditions très humides puisque les pertes de rendements sont plus importantes quand le soya se trouve aux stades R3 (premières gousses) à R5 (premières graines), ce qui est le cas en ce moment. Un guide (ici) fourni par le RAP permet d’identifier les stades du soya. L’impact pourrait se traduire par une réduction du nombre et de la grosseur des grains, ou du nombre de tiges. Toute intervention devrait faire l’objet d’une évaluation au préalable, insiste le RAP.

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La raison pour laquelle le soya serait plus affecté actuellement repose sur le fait qu’il est plus fragile aux stades reproducteurs qu’aux stades végétatifs. La réduction du rendement proviendrait de la croissance plus faible à cette période pour le soya.

À d’autres moments de sa croissance, le soya peut supporter facilement 48 heures et même une semaine en sols saturés si les conditions météo sont favorables. Toutefois, une période de quatre jours ou plus, peut retarder la croissance, causer des plants plus courts et moins de nœuds. « Le maintien de conditions d’inondation pendant six jours peut réduire considérablement les rendements et sur une plus longue période, détruire tout le peuplement », ajoutent les experts.

Quant au maïs, les champs au Québec ont dépassé en majorité le stade critique. Selon les observations du RAP, le maïs est au stade R3 (stade laiteux) à R4 (stade pâteux), à l’exception du Bas-Saint-Laurent où le stade serait moins avancé (R1-R2). Ce qu’il faudra surveiller, ce sont les maladies qui pourraient se développer.

Le maïs est plus vulnérable aux inondations lorsqu’il se trouve avant le stade V6 dans lequel il ne peut survivre que de deux à quatre jours. Après le stade de huit feuilles, les plants de maïs sont plus tolérants et peuvent supporter une submersion de plus de huit jours. Si les plants sont submergés avant ou pendant les stades de la floraison (VT et R1), les pertes de rendement peuvent être plus graves. Après les stades végétatifs de 10 à 16 feuilles ou au moment du remplissage des grains, il n’est habituellement pas affecté.

Pour plus de détails, consultez le plus récent rapport du RAP sur les grandes cultures.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.