Le monde de possibilité de l’intelligence artificielle en agriculture

Le Grand rendez-vous agronomique a réuni les agronomes du Québec

Publié: 8 novembre 2024

Le monde de possibilité de l’intelligence artificielle en agriculture

Qu’est-ce au juste que l’intelligence artificielle, la connectivité des objets, ou encore, comment les robots influenceront-ils les pratiques en agriculture? C’est à ce programme chargé que s’est attaqué le chercheur Étienne Lord, conférencier invité lors du Grand rendez-vous agronomique organisé par l’Ordre des agronomes du Québec qui a eu lieu le 7 novembre à Drummondville. L’événement avait d’ailleurs pour thème Cultiver l’intelligence, récolter l’innovation.

Avec des revenus potentiels de 200 milliards de dollars en 2050, l’agriculture numérique représenterait déjà un marché de 110 milliards actuellement. On connait déjà l’agriculture de précision, qui se résume par faire les bons choix, de la bonne manière au bon moment, le tout afin d’obtenir de meilleurs résultats. Avec l’agriculture numérique, la logique est poussée d’un cran : on connecte ensemble des machines, par exemple des capteurs, afin d’avoir encore plus de données et, par conséquent, de bons modèles. L’aboutissement est l’agriculture 5.0, ou l’agriculture de robotique, où les données sont échangées entre les machines et améliorent les interventions, par exemple au champ.

Les applications de l’intelligence artificielle (IA) sont nombreuses, que ce soit pour le bien-être animal ou l’amélioration des rendements en grande cultures, en détectant par exemple les insectes ou les maladies. En production en serre, l’IA est déjà bien déployée.

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Le point de départ pour une utilisation de l’IA en agriculture peut être l’analyse d’images. Ces dernières sont décomposées pour en tirer le plus de données possibles, en appliquant différents filtres. On peut le faire pour mieux comprendre le comportement des animaux. En grandes cultures, un drone pourrait faire des prédictions de la biomasse du maïs-grain grâce à l’élaboration au préalable d’un modèle depuis le traitement des images.

L’IA s’applique aussi pour le traitement de données pures qui aideront à établir la rentabilité d’une culture, par exemple la création d’une carte de profitabilité depuis les données agronomiques et économiques. « En combinant l’ensemble des données, on est capable d’avoir un modèle qui va prédire le rendement de notre champ », résume Étienne Lord. Il donne en exemple un champ où la production d’une carte de profitabilité a permis de comprendre que les profits seraient nuls pour plusieurs années. En interrogeant l’IA, il a été possible d’obtenir des réponses sur la manière de le rentabiliser.

Pour le futur, Étienne Lord entrevoit que les machines sur une ferme seront connectées ensemble, ce qui permettra ce qu’il appelle une surveillance dynamique des champs. Elle sera rendue possible non seulement grâce aux données de la ferme, mais aussi depuis les satellites qui enverront des messages sur diverses problématiques demandant une vérification en personne et possiblement, une intervention.

Il est certain que les défis restent nombreux jusqu’à cette application de l’IA sur les fermes. Il est question d’investissements, de compétences et d’une possible dépendance à la technologie, mais les opportunités liées à plus de connectivité se traduisent par de nombreux avantages. On parle de rentabilité augmentée, une meilleure durabilité de l’environnement, de meilleurs produits, un bien-être animal amélioré et une meilleure attractivité du secteur.

Et pour être en mesure de faire les choix, il faudra comprendre ce qu’il en retourne pour bien se positionner vers l’agriculture 5.0.

Plus de 800 personnes étaient présentes sur place et en mode virtuel, une assistance record pour cette nouvelle mouture de l’événement qui se tenait sur une seule journée avec Assemblée générale annuelle le matin, conférences en après-midi et cérémonie de remise de prix et signature du livre d’or pour les nouveaux agronomes en fin de journée.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.