L’UPA, cent ans d’une agriculture à la québécoise

Publié: 19 décembre 2024

L'UPA fête ses 100 ans en 2024

L’Union des producteurs agricoles (UPA) termine dans les prochains jours un grand anniversaire qui n’est pas donné à beaucoup d’organisation, soit le centenaire de sa fondation qui a eu lieu le 1er octobre 1924. L’Union catholique des cultivateurs (UCC) est alors fondée grâce à un vote de 2500 membres réunis à Québec, afin de défendre les agriculteurs dans le contexte de l’après-guerre. Dans sa foulée, d’autres groupes sont créés comme la Fédération des agricultrices du Québec en 1939 et la Jeunesse ouvrière agricole en 1941, l’ancêtre de la Fédération de la relève agricole du Québec.

L’UCC a ensuite contribué à plusieurs avancements sociaux à travers les années au Québec qui ont façonné la vie dans la province, dont l’électrification des campagnes en 1945, en plus d’être à l’origine de plusieurs réformes majeures telles que l’adoption de la loi sur la mise en marché des produits agricoles en 1956, la Loi sur l’assurance-récolte (compensation de l’État en cas de mauvaise récolte), et la création de l’Office du crédit agricole du Québec.

C’est le 31 mai 1972 que l’Assemblée nationale adopte la Loi sur les producteurs agricoles qui définit la profession d’agriculteur, en plus de reconnaître l’UPA comme seule voix des producteurs agricoles du Québec. Aujourd’hui, l’UPA réunit 25 regroupements spécialisés et représente 42 000 producteurs, 89 000 emplois, représentant un secteur produisant près de 12,9 G$ de recettes (en 2023).

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Le Bulletin a approché Pascal Thériault, économiste et chargé de cours, programme de gestion et technologies d’entreprise agricole à Université McGill afin de commenter cet anniversaire.

Interrogé à savoir quel était le plus grand fait d’armes de l’UPA à travers les 100 dernières années, Pascal Thériault nomme l’électrification rurale et la mise en marché des produits agricoles, mais aussi le fait d’être toujours présente après un siècle d’existence. « Le fait que des petits producteurs se soient réunis pour remettre en question l’état des choses et permettent des discussions d’égal à égal, encore aujourd’hui, c’est tout un exploit », dit-il. « Malgré les dissensions qui peuvent se produire dans un groupe, l’UPA réussit à faire consensus, ce qui renforcit toute la filière agricole », ajoute-t-il.

La contribution de l’UPA ne se limite pas à l’agriculture. La défense des droits des producteurs agricoles est aussi la défense pour une habitation du territoire et de ses habitants qu’ils vivent ou non de l’agriculture. « L’UPA représente les gens partout sur le territoire québécois et s’en fait le porte-voix à travers ses revendications ». M. Thériault remarque également que l’UPA fait l’envie parfois des groupes agricoles à l’extérieur du Québec, puisqu’elle est l’unique représentant des producteurs de la province. « L’UPA a une force de frappe et les moyens qui viennent avec. Quand Martin Caron (le président de l’UPA) parle, c’est toute une expertise qui est derrière ça avec une équipe permanente comprenant des économistes et des professionnels ».

Questionné sur les défis qui attendent l’organisation, l’économiste cite en premier lieu « l’incertitude des changements climatiques » qui augmentent les risques dans un secteur déjà soumis aux aléas de la météo. Il faudra aussi continuer à rappeler l’apport de l’agriculture québécoise à sa population et ce qu’elle fait de bien, malgré les normes et un contexte d’agriculture nordique.

L’UPA a montré qu’elle pouvait se rapprocher de la société en étant plus à l’écoute de ses attentes, après des années où l’image de l’agriculture a été malmenée. Elle a fait preuve de transparence avec les Journées portes ouvertes qui ont montré la réalité des fermes aujourd’hui, ce qui a sans doute aidé à sensibiliser les gens aux revendications des agriculteurs. Les contestations des petits producteurs l’ont aussi amené à évoluer et à les inclure.

Les prochaines années risquent d’être mouvementées avec les changements politiques prévus autant à Ottawa qu’à Washington. Il y a sans doute des inquiétudes méritées sur ce que l’avenir réserve mais M. Thériault souligne que ce sont des passages.

Dans le contexte d’aujourd’hui, est-ce que l’UPA a toujours sa place? « Oui, l’UPA a sa place, et elle le démontre en faisant preuve de plus en plus d’ouverture, ce qu’elle devra continuer à faire ».

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.