Promise la semaine dernière par le premier ministre François Legault, l’aide annoncée aux agriculteurs québécois a été dévoilée après avoir été entérinée par le conseil des ministres. Elle prend la forme d’une enveloppe de plus de 200 M$ qui répond aux demandes faites par l’UPA au cours des derniers mois. Ces dernières visaient, entre autres, un soutien face à l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, les impacts de la météo de 2023, la relève et un allégement administratif.
Le président de l’UPA Martin Caron juge l’annonce historique. Elle est constituée de 6 mesures regroupant huit ministères et un calendrier précis. « C’est du jamais vu. C’est une annonce chapeautée par le bureau du premier ministre et c’est un signal clair de sa part ». Il a poursuivi en disant que l’ouverture et l’optimisme sont au rendez-vous face au chantier qui est déployé. L’UPA a mené depuis un an une campagne de sensibilisation auprès du gouvernement qui s’est accompagnée d’une mobilisation des producteurs tout au long du printemps afin de mettre de l’avant les demandes du secteur devant l’ampleur de la crise actuelle.
Plusieurs des programmes mis en place par le gouvernement pour répondre aux problèmes financiers des entreprises agricoles seront bonifiés. L’engagement de revoir les programmes et alléger les fardeaux administratifs a aussi été renouvelé.
À lire aussi

Le monde agricole déçu des engagements du gouvernement Legault
Les promesses agroenvironnementales et la tarification carbone ne sont pas à la hauteur des attentes de l’UPA et des Producteurs de grains du Québec. Entrevue.
Plus précisément, 106 M$ est destiné en soutien à la lutte et à l’adaptation aux changements
climatiques, ce qui comprend les normes environnementales, la carboneutralité et les éco-frais, une demande datant de 2015. Ces mesures devraient débuter cet été. Une autre somme significative soit, 36,8 M$, est dédiée à des « allègements réglementaires et administratifs rapides ». Trois d’entre eux touchent la gestion d’informations sur les pesticides, un autre la priorisation des besoin en eau des producteurs agricoles, et plusieurs concernent les travailleurs étrangers temporaires.
De l’argent supplémentaire est remis à plusieurs autres programmes déjà en place. Le Programme Investissement Croissance Durable de La Financière agricole reçoit 30 M$. Les producteurs pourront communiquer avec leur centre de services respectifs à compter du 2 juillet.
Le Programme de protection contre la hausse des taux d’intérêt (PHTI) – Sécuri-Taux Relève est bonifié pour sa part de 37,1 M$. Pour la prochaine année, soit du 1er avril 2024 au 31 mars 2026, les paramètres du PHTI seront modifiés pour uniformiser à 4 % le taux d’intérêt déclencheur lié à la protection et prolonger l’admissibilité d’une entreprise, selon les conditions accordées, au-delà de la limite actuelle de cinq ans.
M.Caron est particulièrement satisfait de trois des grandes ententes conclues, soit celles en rapport avec le fardeau administratif, les taux adaptés pour la relève et les entreprises aux prises avec des problèmes de liquidités. La première devrait s’appliquer très bientôt et se traduire par des gains monétaires pour les producteurs tandis que les autres permettent d’établir un environnement moins incertains pour les entreprises agricoles, comme celles se trouvant en périphérie.
Le gouvernement n’a pas d’aide spécifique aux producteurs maraîchers et de fraises et framboises, mais il annonce qu’il négociera avec le fédéral au sujet du programme Agri-relance. Les personnes affectées par la sécheresse de 2023 en Abitibi-Témiscamingue recevront 1,6 M$. Interrogé à savoir ce qui serait à surveiller, M.Caron a cité les démarches avec le fédéral. Le MAPAQ mène des discussions avec Ottawa et l’UPA a rencontré l’équipe du ministre de l’Agriculture et Agroalimentaire Canada. Il souhaite des développements rapides et accessibles, sans arrimage pour les producteurs affectés. Dans le détail des annonces, l’UPA prévoit 20 M$ d’aide.
Le ministre du MAPAQ, André Lamontagne, indique également que la démarche se poursuit avec « une analyse rigoureuse des besoins et des enjeux, en concertation avec le milieu agricole ». Le programme d’Assurance-récolte fait l’objet d’un chantier visant à « apporter des améliorations significatives tenant compte, notamment, des changements climatiques ».
Il semble en effet que le gouvernement a bel et bien tendu l’oreille aux demandes de l’UPA puisque de nombreux ministères regroupant les portefeuilles de l’environnement, l’immigration et le travail ont joint leurs voix à celle du MAPAQ.
L’UPA entend maintenir la pression sur plusieurs autres questions telles que la politique bioalimentaire, la reconnaissance de la profession d’agriculteur et de la relève, le 1% du budget consacré à l’agriculture et la protection du territoire agricole. La première occupera toutefois le gros de l’attention du syndicat en raison de son importance stratégique pour les années à venir.