Offensive du secteur agroalimentaire devant les menaces tarifaires

L’UPA veut inspirer les agriculteurs de partout au Canada à se mobiliser

Publié: 25 février 2025

Martin Caron, président général de l'UPA et membre du Conseil du premier ministre canadien sur les relations canado-américaines.

Les principales organisations de l’agriculture, de la transformation alimentaire et des détaillants ont fait entendre leur voix et demandé aux deux paliers gouvernementaux de soutenir le secteur devant les tensions commerciales avec les États-Unis lors d’une conférence de presse le 24 février dernier à la Maison de L’UPA à Longueuil.

Étaient réunis pour l’occasion des représentants de l’Union des producteurs agricoles (UPA), de Sollio Groupe Coopératif (SGC), du Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ), de l’Association des détaillants en alimentation du Québec (ADAQ), du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) et d’Aliments Québec.

De gauche à droite : Martin Caron, président général de l’UPA, Michel Rochette, président du CCCD-Québec, Isabelle Roy, présidente générale d’Aliments Québec, Michel Dépatie, président du ca de l’ADAQ, Jean Bissonnette, vice-président du ca de SGC et Sylvie Cloutier, présidente-directrice générale du CTAQ

Chacun a pris la parole pour défendre le secteur, en plus de Jean Charest, ex-premier ministre du Québec et membre du Conseil du premier ministre canadien sur les relations canado-américaines. « C’est important de s’exprimer aujourd’hui avant que le gouvernement prépare sa réplique (aux tarifs douaniers américains). Il ne faut pas prendre pour acquis qu’ils connaissent le fin détail et revenir sur l’importance du secteur », a-t-il dit.

« Si la menace est confirmée, le secteur ne doit pas être en reste, a quant à lui ajouté Jean Bissonnette, producteur agricole et vice-président du ca du SGC. On est une nation d’exportateurs et ça doit demeurer. » Il s’est dit préoccupé par la prochaine négociation de l’ACEUM. « Il ne faut pas sacrifier la gestion de l’offre, c’est impératif de maintenir cet outil. »

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Sylvie Cloutier présidente-directrice générale du CTAQ, a mentionné que « les exportations vers les États-Unis représente 70% de tout ce qu’on fait. C’est un marché d’une importance capitale pour nous. » Les gouvernements doivent se concerter pour faciliter le commerce, a-t-elle ajouté.

Michel Despatie, président du conseil d’administration de l’ADAQ, a indiqué que faire rayonner les produits d’ici était très important pour les détaillants. « On va essayer de faire en sorte que les produits d’ici soient mis en place. On va essayer de vous aider au maximum », a-t-il assuré.

Michel Rochette, président du CCCD-Québec, a insisté sur la pertinence que tous les acteurs de la terre à la table parlent d’une seule et même voix, qu’ils se mobilisent et communiquent plus que jamais entre eux. « Les gouvernements doivent faire preuve de nouveaux réflexes », a-t-il ajouté. Selon lui, de l’arrimage est nécessaire pour faciliter le commerce.

Chez Aliments Québec, « on sent un engouement pour les produits d’ici encore plus intense que pendant la pandémie », a indiqué Isabelle Roy, directrice générale d’AQ.  Depuis la menace des tarifs douaniers, le nombre de visites sur leur site internet a doublé. Aliments Québec est devenue la référence pour informer les consommateurs sur les marques québécoises. L’organisme travaille notamment avec les grandes chaînes alimentaires pour l’affichage afin que les consommateurs repèrent rapidement les marques locales.

Demandes de l’UPA

En terminant, Martin Caron, président général de l’UPA, a remercié les citoyens de favoriser l’achat local. « On sent que les citoyens sont derrière nous », a-t-il dit. Il aimerait que le secteur obtienne un soutien également de la part des gouvernements. « On ne veut pas s’endetter, ce n’est pas des prêts, c’est du soutien direct aux entreprises qu’on veut, des investissements des deux gouvernements et il faut que ça se fasse vite », a-t-il insisté afin d’éviter que les entreprises pénalisées par le conflit tarifaire écopent.

Il a demandé aussi un allègement réglementaire pour améliorer la compétitivité. « Des produits entrent ici qui ne sont pas soumis aux mêmes règles que nous, a-t-il dit. Cette lourdeur n’apporte pas de plus-value pour le citoyen. »

Le président général s’est dit inquiet également de l’introduction potentielle de contre-tarifs qui pourraient avoir un impact important notamment sur les prix des intrants, comme les engrais, les fertilisants et les tracteurs. « C’est nous qui allons payer la facture », a-t-il insisté.

La Fédération canadienne de l’agriculture tient son assemblée générale annuelle les 25 et 26 février à Ottawa. L’UPA compte profiter de l’occasion pour inciter les agriculteurs de partout au Canada à se mobiliser aussi. « On a un leadership ici au Québec, a déclaré Martin Caron. On espère inspirer les producteurs du Canada à faire la même chose que nous. »

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Claude Poulin

Marie-Claude Poulin

Journaliste et rédactrice en chef

Marie-Claude Poulin est journaliste et rédactrice en chef du Bulletin des agriculteurs.