Les temps sont durs pour les maraîchers

Les tarifs douaniers en place du 4 au 6 mars ont entraîné des pertes de 6 M$

Publié: 4 avril 2025

Les temps sont durs pour les maraîchers

Crise économique ou crise climatique, les producteurs maraîchers du Québec et du reste du Canada sont confrontés à des difficultés particulières, ce qui les a menés à formuler des demandes précises dans le cadre de la présente campagne électorale. Ces dernières surviennent alors qu’un rapport commandé par les Producteurs de fruits et légumes du Canada (PFLC) met en lumière les enjeux des producteurs.

Les recommandations faite par la firme AGÉCO, mandatée par les PFLC, rejoignent d’ailleurs les priorités élaborée par l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ). On apprend dans le document que les tarifs douaniers en place du 4 au 6 mars ont entraîné des pertes de 6 M$ pour les producteurs de serre en Ontario, où près de la moitié des fruits et légumes produits sont exportés aux États-Unis.

Dans ce contexte, une diversification est difficile à mettre en place, tandis qu’une mise en marché au Canada ferait plonger les prix à cause d’une offre trop abondante. Un droit de douane pour l’exportation américaine minerait, quant à lui, l’avantage monétaire. Les crises des dernières années rendent la relève moins attrayante, avec comme conséquence que l’âge moyen d’un producteur maraîcher est de 54 ans. Devant ces constats, la révision de programmes du fédéral est vue comme essentielle.

À lire aussi

Les temps sont durs pour les maraîchers

Le monde agricole déçu des engagements du gouvernement Legault

Les promesses agroenvironnementales et la tarification carbone ne sont pas à la hauteur des attentes de l’UPA et des Producteurs de grains du Québec. Entrevue.

Les programmes de gestion des risques sont jugés inadéquats, compte tenu des incertitudes quant au commerce international et les changements climatiques. Une réponse plus rapide de la part des programmes fédéraux est demandée, tout comme un rehaussement de la contrepartie gouvernementale et la portion maximum des prêts est demandé. Selon les maraîchers, le programme Agri-stabilité devrait être révisé au niveau des dépenses admissibles.

D’autres demandes ciblées

L’ADMQ indique dans ses demandes électorales que le traitement des demandes d’homologation et de réévaluation des produits phytosanitaires devraient être revus pour gagner en efficacité. Les budgets du Centre de lutte antiparaisitaire et d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) auraient avantage à être bonifiés pour mener plus de projets et mieux partager les connaissances. La Grappe agroscientifique pour l’horticulture est ciblée à ce niveau.

Un traitement plus rigoureux et équitable envers les produits importés fait partie de la liste des demandes. Selon l’APMQ, ils représentent une concurrence déloyale pour les produits locaux et nuit à la compétitivité des producteurs canadiens. Pour y arriver, l’organisation propose d’accroître les contrôles de salubrité et de présence de pesticides, et de garantir un nombre suffisant de travailleurs étrangers temporaires.

Une aide équivalente aux autres pays

En entrevue à La Presse, Patrice Léger-Bourguoin, directeur général de l’ADMQ, a indiqué que le soutien financier au secteur horticole est répandu ailleurs dans le monde. En comparant avec l’aide offerte dans l’Union européenne, celle-ci est plus généreuse que celle disponible au Canada. Il indique que les programmes sont financés également par les producteurs et que ces assurances jouent le rôle de protection pour la sécurité alimentaire, ce qui représente un choix de société.

À lire aussi:

Menaces tarifaires : « Prenons notre gaz égal »

Les tarifs douaniers ébranlent les concessionnaires d’équipements agricoles

Au tour de la Chine d’imposer des tarifs douaniers

Les travailleurs de rang à la rescousse

La guerre commerciale est lancée

Tarifs américains, à quoi s’attendre?

Tarifs américains : catastrophiques pour le secteur agroalimentaire

Tarifs américains : un choc structurel pour le Québec, selon Desjardins

Tarifs américains : soulagement et contreattaque à l’UPA

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.