Le Iron Man du maïs-grain

On fonce avec un sentiment d’inquiétude

Publié: il y a 3 heures

Mes épaules sont aussi lourdes que le champ de maïs. Ce n'est pas la première fois que ça nous arrive. On sait que le beau temps va revenir. En attendant, ça gruge nos énergies. Pendant que tous les travaux de nettoyage de fin de saison retardent.

Lundi dernier, je recevais mon prix Adélard-Godbout remis par l’Ordre des agronomes du Québec. Un sentiment de fierté de recevoir cette reconnaissance avec en arrière-plan un sentiment d’inquiétude. La neige qui tombe. Gertrude encore stationnée au bout du champs en attente qu’on réussisse à trouver le problème hydraulique. Un vrai labyrinthe de mystère.

On passe une très belle soirée accompagnée d’un bon repas, suivi d’un retour sous une grosse neige collante qui rend la chaussée glissante. Les champs de maïs sont lourds sous le poids de toute cette neige. C’est déjà arrivé par le passé. En général, on finit par s’en sortir ou passer au travers.

Et même s’il s’agit seulement d’être patient en attente de la fenêtre parfaite pour revenir au champ. On sait ce que ça implique. Viens un temps ou on se dit qu’on pourrait bien s’en passer. On a beau attendre et s’affairer à d’autres travaux. On a toujours en arrière pensée le stress de l’attente. Du bon choix d’y aller ou pas.

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Réflexion de Gertrude

Pendant que plusieurs arrivent à la fin. Nous, on ne fait que commencer la dernière récolte de la saison. L’humidité du grain varie de 26 À 30%.

Parfois la logique agronomique passe à côté de la logique de régler l’urgence de sauver la récolte. Arrive enfin une fenêtre qui pourrait être bonne. Plus de neige sur les épis et une prévision de -5 degrés dans la nuit. Gertrude n’est pas réparée. On avait déjà averti un forfaitaire. On décolle à 10h pm ou vers 4h demain matin en espérant que le -5 annoncé fasse un certain travail. Le sol semble portant.

C’est mon désir d’en sauver un bout qui me guide ou vraiment l’évaluation agronomique? Ça peut paraître flou à l’occasion. Au final, on lance les dés! Ok 5 h demain matin! On appelle tout notre monde. Les gars sont partant sachant fort bien qu’une grosse journée s’annonce: 3:30 am, je suis dehors. À 4h, les gars arrivent. Le thermomètre indique seulement -1 degrés.

Météo média s’est encore trompé! Inquiet de voir comment le champ va se comporter. On fonce avec un sentiment d’inquiétude. Une moissonneuse, deux opérateurs sur deux charriots transbordeurs, deux semi-remorques pour arriver à fournir la moissonneuse verte 12 rangs en respectant notre poids maximum de 8-9 tm dans chaque charriot. Et c’est parti!

Ça fonctionne bien. Pas de trace ni boue sur les pneus. Un peu de dégât sur les bouts de champs, mais pour le reste, ça tient la route. On réussit à remplir notre réserve de 300 tm. La neige est revenue. Reste un 8 hectares à faire.

Les travaux d’entretien et de lavage retardent tant et aussi longtemps qu’on n’aura pas complètement terminé. Certains se demandent pourquoi on ne s’est pas organisé pour tout récolter avant la neige. Je me dis que ce n’est pas pire que ceux qui n’ont pas encore installé leurs pneus d’hiver sur leur auto!

Profession agriculteur

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.