Fièvre aphteuse : la France, la Belgique et l’Irlande craignent une propagation

Publié: 5 mars 2001

Bruxelles (Belgique), 3 mars 2001 – La Belgique, la France et la République d’Irlande ont pris des mesures de précaution après la découverte de possibles cas de fièvre aphteuse, mais les premières analyses se sont avérées négatives.

Néanmoins et en attendant les résultats complémentaires attendus en début de semaine prochaine, les voisins de la Grande-Bretagne continuent de redouter une propagation de cette maladie, très contagieuse parmi les animaux d’élevage.

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En France, une ferme de Roche-la-Molière (Loire) a été placée en quarantaine vendredi après-midi sur décision du préfet. Selon une responsable des services vétérinaires départementaux, répondant aux journalistes, cette mesure est une « réponse classique dans un cas de suspicion mais ne préfigure en rien la présence avérée de fièvre aphteuse ».

Les premiers examens réalisés vendredi après-midi et connus samedi matin étaient négatifs et les résultats d’examens complémentaires ne seront connus que lundi.

La Belgique retient, elle aussi, son souffle en attendant les résultats d’analyses complémentaires, mais les résultats initiaux de prélèvements effectués à Dixmude, en Flandre occidentale, sur trois porcs importés de Grande-Bretagne et présentant des symptômes suspects, sont négatifs.

Le ministre belge de l’Agriculture, Jaak Gabriels, a en attendant interdit sur l’ensemble du Royaume tout transport d’animaux de ferme vivants et toutes les courses de chevaux ont été suspendues.

« Les analyses étaient négatives mais nous devons attendre lundi pour avoir confirmation des résultats. Nous verrons alors si nous devons maintenir ces mesures strictes ou si nous pouvons les lever », a dit Gabriels.

En outre, il est interdit à quiconque, à l’exception des vétérinaires, de pénétrer dans un rayon de 20 km autour de la ferme concernée, située près de la frontière française.

Suspension des importations de Belgique
Plus de 300 porcs ont été abattus dans cette ferme et des journalistes de Reuters, maintenus à l’écart, ont pu voir de loin des carcasses de porc chargées à l’aide d’une grue sur un camion qui devait les transporter dans une usine d’incinération.

Une douzaine d’autres fermes qui avaient acheté des porcs au même endroit ont été placées en quarantaine.

La Corée du Sud a déclaré samedi qu’elle maintenait en quarantaine du porc et des peaux d’animaux importés de Belgique en attendant le résultat des analyses complémentaires pratiquées dans ce pays.

A l’annonce de cas suspects en Belgique, le ministre français de l’Agriculture, Jean Glavany, a suspendu les importations d’animaux en provenance de Belgique.

Vendredi soir déjà, il avait interdit les rassemblements et foires d’animaux.

Jean Glavany a tenu à rassurer les consommateurs en rappelant que le principe de précaution « ne touche que le cheptel, car la fièvre aphteuse ne présente aucun danger pour la consommation humaine ».

En République d’Irlande, les premiers prélèvements effectués sur des moutons dans une ferme située à la frontière de l’Ulster sont négatifs, a annoncé un porte-parole du département de l’Agriculture.

Les moutons, qui ont été abattus, avaient semble-t-il été importés d’Angleterre via l’Irlande du Nord.

Dublin a déployé des forces de sécurité le long de la frontière avec l’Irlande du Nord pour faire respecter une interdiction de transport d’animaux et désinfecter les véhicules afin de tenter de préserver le pays de l’épizootie qui a éclaté en Grande-Bretagne.

En Irlande du Nord, où un seul cas a été enregistré jusqu’ici, les prélèvements effectués sur deux autres cas suspects se sont révélés négatifs.

Brid Rodgers, ministre de l’Agriculture d’Irlande du Nord, s’est déclarée « un peu plus optimiste » quant aux chances de contenir l’épizootie dans la province.

Le Royaume-uni « fermé pour le week-end »
En revanche, au Royaume-Uni, le nombre de foyers recensés a été porté samedi à 48, et le gouvernement reconnaît qu’il risque d’y en avoir d’autres.

Les courses de chevaux ont été annulées et le match Pays de Galles-Irlande de rugby qui devait se disputer à Cardiff dans le cadre du tournoi des Six nations a été reporté.

Les amateurs de dimanche à la campagne risquent d’être frustrés avec l’interdiction de se promener sur les sentiers, de pêcher au bord des rivières ou de fréquenter les zoos, les forêts et les parcs nationaux.

Et la hausse vertigineuse du prix de la viande compromet aussi le roastbeef dominical ou le gigot traditionnels.

« Désolé, la Grande-Bretagne est fermée pour le week-end », titre le Daily Mail.

Le ministre de l’Agriculture, Nick Brown, a réaffirmé que l’interdiction des déplacements d’animaux était la mesure à prendre pour circonscrire la crise. Mais il a reconnu que, malgré cela, d’autres cas pourraient se déclarer.

« Nous ne savons pas combien sont toujours en période d’incubation », a-t-il noté.

Brown a expliqué que le gouvernement ne voulait pas réitérer l’erreur commise lors de la dernière grande épizootie de fièvre aphteuse, en 1967, et lever trop rapidement les contrôles.

Il a ajouté que le versement d’indemnisations aux éleveurs, dont 37.000 animaux ont déjà été abattus, débuterait ce mois-ci.

En Turquie aussi
Les mesures autorisant les éleveurs non affectés par l’épizootie à envoyer leurs bêtes à l’abattoir n’entreront pas en application avant le début de la semaine prochaine et elles seront assorties de conditions très strictes.

Des représentants des autorités et des agriculteurs devraient se réunir lundi pour discuter des modalités de ces mesures et les abattages ne devraient pas débuter avant mardi au plus tôt, a dit une porte-parole du ministère de l’Agriculture.

La Turquie a annoncé pour sa part que des cas de fièvre aphteuse avaient été recensés vendredi dans deux régions du sud-ouest du pays. Des inspecteurs du ministère de l’Agriculture ont repéré des bêtes malades parmi des moutons proposés pour la célébration de la fête musulmane de l’Aïd, rapporte l’agence anatolienne de presse.

Le bétail de la province de Konya a été mis en quarantaine, ajoute l’agence sans autre précision.

La Turquie a demandé en décembre à l’Union européenne 50 millions d’euros pour l’aider à lutter contre les fréquents cas de fièvre aphteuse, rappelle l’agence.

Les autorités turques expliquent que les nombreux trafics de bétail entre la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie rendent les mesures de précaution très difficiles.

Source : Reuters