Genève (Suisse), 4 octobre 2001 – Les 142 membres de l’OMC, malgré un sentiment commun d’urgence à un mois de la conférence de Doha, peinent à débloquer les verrous qui freinent ses préparatifs, comme l’ont montré trois jours de négociations de lundi à mercredi à Genève.
Les attentats terroristes du 11 septembre aux Etats-Unis pèsent manifestement sur les travaux de l’Organisation mondiale du commerce, plusieurs délégations s’interrogeant sur l’opportunité d’organiser cette conférence à Doha.
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Les préparatifs ont cependant été maintenus, sous la houlette du Directeur Général, Mike Moore, qui affirme sentir « une prise de conscience de l’importance de la tâche ».
Les turbulences financières, le danger terroriste, l’affaiblissement de l’économie américaine et d’autres économies, les faiblesses politiques dans certains pays ont contribué à replacer les négociations dans un enjeu plus large, notait mercredi un délégué américain.
Il confirmait aussi que « les Etats-Unis sont très attentifs à la sécurité entourant la tenue de la conférence à Doha, et sont en contact étroit avec le pays hôte et le secrétariat de l’OMC ».
Ce qui est en jeu à Doha est une négociation commerciale où des partenaires sont déjà pleinement engagés et dont on ne peut perturber le calendrier, notait un expert. Selon lui, le sentiment d’urgence s’était déjà reflété dans le débloclage en septembre des négociations sur l’adhésion de la Chine.
A l’issue de la réunion plénière de trois jours à Genève sur un avant-projet de déclaration à soumettre aux ministres à Doha, ce document, qui tient compte des principales demandes des membres, est au moins considéré comme une bonne base de négociations par les délégués.
Reste à trouver les nécessaires échanges de concessions. Des réunions de toutes sortes sont prévues et une session de 20 membres influents se réunira à Singapour les 13 et 14 octobre.
L’OMC voudrait que, lors de la réunion ministérielle à Doha, le moins de différences substantielles demeurent, et que le plus grand nombre de sujets aient été réglés auparavant.
La négociation agricole reste l’enjeu le plus élevé, car intéressant le plus grand nombre de partenaires. Elle est la plus susceptible de « faire un accord » –d’être un « dealmaker » selon le jargon de l’OMC– à Doha en vue du lancement d’un cycle, ont expliqué des délégués.
Or, le passage de l’avant-projet sur l’agriculture n’est même pas rédigé. Il se contente d’exprimer quelques objectifs. De nombreux pays demandent des concessions à l’Union européenne sur ses importantes subventions, mais l’UE n’est pas la seule à soutenir fortement son agriculture.
En contrepartie, les Quinze demandent que la dimension commerciale de l’environnement, avec ses implications de sécurité alimentaire, de santé, etc, soit vraiment pris en compte dans des négociations commerciales. Pour eux, le texte actuel est trop faible, tandis que d’autres pays demandent qu’on en reste au mimimum.
La mise en oeuvre des accords de l’Uruguay Round, conclus en 1994 à Marrakech, pose le plus gros casse-tête. En dépit de centaines d’heures de négociations, des pays en développement ne sont pas pleinement satisfaits avec un paquet de mesures à adopter immédiatement ou à Doha.
Les pays industrialisés s’inquiètent en outre de la demande des PVD d’une large renégociation de plusieurs accords conclus à Marrakech.
Un problème particulièrement sensible est la révision des mesures anti-dumping, taxes infligées à des produits vendus à des prix jugés au-dessous du marché.
Enfin, si l’UE se félicite que la majorité des membres semblent accepter la prise en compte de l’investissement dans le futur agenda d’un cycle –sous forme de négociations ou au sein d’un simple groupe de travail–, certains pays influents du Sud comme l’Inde ne veulent pas entendre parler de négociations sur l’investissement.
Source : AFP