Saint-Germain-de-Kamouraska (Québec), 23 juillet 2003 – Les ententes relatives au libre échange des produits agricoles étaient au coeur des discussions des dirigeants de l’OMC qui se sont réunis à Montréal en fin de semaine, en vue de préparer la rencontre officielle de Cancun en septembre.
Une machine à éliminer les paysans et les fermes familiales
L’Union paysanne, comme tous les mouvements paysans réunis dans Via Campesina, s’oppose systématiquement à ce que l’agriculture fasse partie des ententes de libre échange en négociation présentement.
Le but de ces ententes est d’augmenter le commerce international des produits agricoles en diminuant la capacité des États de protéger les producteurs agricoles de leur pays par des tarifs aux importations et des subventions à leurs exportations et à leur production, ces procédés étant jugés constituer une concurrence déloyale.
En réalité, ces ententes sont une véritable machine à éliminer les paysans partout dans le monde au profit des multinationales de l’agroalimentaire industriel comme Monsanto, General Food, Nestlée, etc.
La position canadienne sacrifie nos agriculteurs au libre échange
L’Union paysanne condamne donc la position canadienne, soutenue par l’Union des producteurs agricoles, qui, en jouant au bon élève du libre échange, livre les agriculteurs canadiens et québécois à la merci des produits américains et européens largement subventionnés par toutes sortes de moyens détournés. L’exode des paysans mexicains chassés par le maïs et le riz transgéniques américains et par le blé canadien, tout comme la disparition rapide des fermes familiales chez nous, sont la preuve de ce massacre des agricultures locales engendré par les négociations de l’OMC, de l’ALENA et de la ZLEA.
Partout, l’agriculture se trouve réduite à sa fonction économique au détriment de ses fonctions alimentaires, environnementales et sociales qui sont essentielles. L’agriculture familiale se voit rapidement marginalisée. Les petits producteurs subissent une pression énorme et sont de plus en plus écartés de l’aide publique sous prétexte qu’ils ne sont pas efficaces. La relève devient de plus en plus problématique et les campagnes se dégradent rapidement.
Le droit de chaque pays à sa souveraineté alimentaire
Il faut sortir l’OMC de l’agriculture et permettre à chaque pays de nourrir sa population, de protéger son agriculture de subsistance et d’assurer l’occupation de son territoire. L’agriculture et l’alimentation sont trop importantes pour la santé publique, l’aménagement du territoire et la culture d’un peuple pour être confiés à la main invisible du marché. C’est le concept de souveraineté alimentaire, le droit de chaque pays de nourrir sa population avec ses ressources, de tirer sa subsistance du territoire qu’il occupe, en gérant ses ressources et son environnement.
Les échanges d’aliments entre pays doivent être équitables
L’Union paysanne n’est pas contre les échanges de produits alimentaires entre pays, mais ces échanges doivent être équitables et respecter la souveraineté alimentaire de tous les pays. Les subventions à l’exportation sont effectivement un procédé déloyal et inéquitable. Par contre, le soutien intérieur et des tarifs protecteurs sont des mesures nécessaires et légitimes pour garantir la souveraineté et la sécurité alimentaire d’un pays.
L’Union paysanne s’oppose à ce que nos gouvernements et un syndicat agricole unique et obligatoire nous tiennent tous captifs d’une agriculture et d’une alimentation imposée par le libre échange et l’OMC. C’est précisément pour pouvoir défendre notre souveraineté alimentaire qu’elle demande au Gouvernement d’être accréditée et de siéger aux tables de négociation.
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Union Paysanne
http://www.unionpaysanne.com/
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