Paris (France), 11 juillet 2003 – L’ozone, polluant du beau temps et des grosses chaleurs, est de retour dans les grands agglomérations, mais ses conséquences ne se limitent pas à la santé des hommes: il pourrait également affecter le rendement des cultures, selon une étude de scientifiques français.
Au cours des dix dernières années, la pollution à l’ozone a entraîné des pertes de rendement en blé de l’ordre de 5 à 10 % en Ile-de-France, plus fortes dans l’ouest et le sud-ouest de la région, ont calculé des chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et de l’Institut national agronomique (INA).
« Les études ont été menées sur le blé parce qu’il représente 70 % des cultures de céréales en Ile-de-France et parce que l’on sait que c’est une espèce particulièrement sensible à l’ozone », a expliqué à l’AFP Jean-François Castell, de l’INA. Le maïs est beaucoup moins sensible à cette pollution : des expérimentations menées l’an dernier ont montré un très faible impact sur les rendements.
L’ozone échappe aux schémas classiques de la pollution. Alors que la pollution est en général entraînée vers l’ouest des grandes villes par les vents dominants, l’ozone se forme par beau temps et est accompagné d’un régime de vent faible du nord ou du nord-est. Résultat pour la région parisienne : la pollution émanant de la capitale se retrouve plusieurs heures plus tard – parfois plusieurs jours – sous forme d’ozone au-dessus de la forêt de Rambouillet ou des zones rurales du sud-ouest de la région.
Le mécanisme qui va influer sur la croissance des cultures est lié à la photosynthèse. « Le principal effet de l’ozone est qu’il va intervenir sur une enzyme particulière de la photosynthèse: les plantes fixent moins de carbone, donc fabriquent moins de matière vivante », explique Jean-François Castell. « S’y ajoute un autre effet de l’ozone, qui va fabriquer dans les plantes des radicaux libres, la tarte à la crème des produits de beauté actuels, qui accélèrent le vieillissement, précise le scientifique. Les plantes ont donc moins de temps pour fabriquer leur matière vivante, ce qui se traduit également par des pertes de rendement. »
Les céréales ont en outre un effet bénéfique avec un rôle d’« aspirateur » de la pollution. Grâce à des dispositifs expérimentaux et en recourant à la modélisation, les chercheurs ont calculé que 10 à 30 % de l’ozone produit chaque jour dans l’atmosphère était absorbé par les cultures.
« La végétation contribue ainsi à dépolluer l’atmosphère, explique Jean-François Castell, mais on ne sait pas très bien si cet ozone est véritablement absorbé par les plantes ou s’il va réagir à son tour avec un certain nombre de composés gazeux émis par le sol. »
L’ozone, gaz extrêmement réactif, n’est pas un polluant primaire, qui sort directement du pot d’échappement des voitures. Il se forme à partir d’oxydes d’azote émanant essentiellement de la pollution automobile, mais aussi de composés organiques volatiles qui proviennent pour moitié des sols et des arbres. « Mais les cultures, à l’exception des champs de lavande, émettent très peu de composés organiques volatiles et le bilan est donc plutôt bénéfique », conclut le scientifique.
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Source : AFP
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Institut national de la recherche agronomique (INRA)
http://www.corse.inra.fr/