Rome (Italie), 22 octobre 2004 – Dans le secteur des produits laitiers en Afrique orientale et au Moyen-Orient, les pertes économiques dues à la détérioration et aux gâchis pourraient se monter à plus de 90 millions de dollars par an, selon les estimations de la FAO.
Ces estimations – les premières de ce type sur les pertes économiques dans le secteur des produits laitiers en Afrique – ont été menées dans cinq pays où la FAO oeuvre avec des producteurs locaux et des agences gouvernementales en vue de réduire les pertes de produits laitiers lors de la production, du transport et de la commercialisation.
Les premiers résultats montrent que pour seulement trois des pays étudiés – le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie -, les pertes du secteur des produits laitiers totalisent 59,7 millions de dollars chaque année. Les résultats concernant les deux autres pays, l’Ethiopie et la Syrie, ne sont pas encore connus.
« Cela représente une quantité importante de lait gâché et une somme d’argent significative », a déclaré Anthony Bennett de la Division de la production et de la santé animales de la FAO. « Si l’on y réfléchit en termes de coûts, cette somme permettrait de nourrir en produits laitiers six millions d’écoliers en Afrique orientale pendant une année entière. »
Etudes par pays
Au Kenya, environ 95 millions de litres de lait sont perdus chaque année, ce qui représente environ 22,4 millions de dollars par an.
Les pertes sont les plus élevées au niveau de l’exploitation, totalisant jusqu’à 15,4 millions de dollars annuellement. « Cela équivaut à peu près aux salaires combinés de 30 000 travailleurs ruraux au Kenya », selon M. Bennett.
Près de 60 pour cent de la population du Kenya ne peuvent pas se nourrir correctement ou survivent avec moins d’un dollar par jour, a-t-il ajouté. Réduire ces pertes aurait une grande signification pour les populations rurales.
Les pertes cumulées en Tanzanie se montent à environ 59,5 millions de litres de lait chaque année, pour des pertes annuelles d’environ 14,3 millions de dollars, montrent les études de la FAO.
Globalement, plus de 16 pour cent de la production sont perdus dans le secteur des produits laitiers de Tanzanie lors de la saison sèche tandis que les pertes lors de la saison des pluies peuvent dépasser 25 pour cent.
En Ouganda, approximativement 27 pour cent de tout le lait produit sont perdus: 6 pour cent sont gaspillés au niveau des exploitations alors que 11 et 10 pour cent de la production sont soit déversés accidentellement, soit détériorés lors du transport ou de la commercialisation. La FAO a calculé la valeur de ces pertes à 23 millions de dollars pour une année.
Le projet triennal de la FAO
Les observateurs des gouvernements et de l’industrie savaient depuis plusieurs années que les pertes post-récoltes dans le secteur laitier en Afrique orientale étaient élevées. Toutefois, il existait peu de données empiriques sur la valeur exacte de ces pertes et leurs circonstances.
Pour attaquer ce problème, la FAO a, tout d’abord, consulté les agriculteurs, les conseils laitiers nationaux, les agents de vulgarisation agricole, des membres des gouvernements et des représentants de l’industrie dans la région.
« Nous voulions recueillir l’avis des personnes de terrain sur ce qu’elles considéraient comme nécessaire pour résoudre le problème », a déclaré M. Bennett. « L’idée et la conception de ce projet ne viennent pas de la FAO mais directement des parties prenantes elles-mêmes. »
En 2003, le groupe de travail inter-régional, mis sur pied par la FAO, a produit un plan d’action détaillé pour un projet dont l’objectif serait de réduire les pertes et d’améliorer la sécurité alimentaire dans le secteur des produits laitiers d’Afrique orientale et du Moyen-Orient.
Trois zones de priorité ont été définies: la formation des agriculteurs et des distributeurs, l’amélioration du transfert et de l’adaptation des technologies pour la conservation du lait et la sensibilisation à ce problème, ainsi que l’amélioration de l’accès aux informations techniques sur la façon de le gérer.
La première étape a été d’entreprendre une analyse approfondie, pour chaque pays, de l’ensemble du secteur des produits laitiers. La seconde phase comprenait une quantification de la valeur économique des pertes ainsi que des analyses détaillées sur le lieu et la façon dont se produisent les pertes – et les moyens de les réduire.
Sessions de formation régionales
La prochaine phase consiste en un programme de formation ambitieux qui se basera sur l’information acquise jusqu’ici et enseignera aux agriculteurs, agents de vulgarisation agricole, producteurs, commerciaux et vendeurs dans les cinq pays concernés des méthodes pour réduire les pertes après-récolte.
Les formateurs et agents de vulgarisation de tous les pays concernés ont participé pendant un mois à un atelier organisé par la FAO à Debre-Zeit (Ethiopie) qui s’est achevé aujourd’hui.
Forts des connaissances acquises lors de cet atelier, ils travailleront, de retour chez eux, avec des experts de la FAO afin d’appliquer des programmes de formation adaptés à leurs pays respectifs.
Améliorer la qualité sanitaire
Le projet de la FAO n’a pas pour seul objectif de réduire les pertes mais également d’améliorer la qualité sanitaire et la qualité générale du lait et des produits laitiers.
Des maladies telles que la brucellose et la tuberculose sont répandues dans les troupeaux laitiers de la plupart des pays participant au projet de la FAO, avec 20 pour cent de certains troupeaux infectés.
Bon à savoir
La production laitière fournit des revenus relativement rapides aux petits éleveurs. Non seulement elle apporte aux familles une nourriture nutritive équilibrée mais les ventes du surplus de lait peuvent contribuer à la sécurité alimentaire des ménages et à la réduction de la pauvreté.
La FAO prévoit que la demande de lait dans le monde en développement doublera d’ici 2030. Les petits éleveurs produisent la grande majorité du lait produit dans ces pays.
Les importations de lait dans les pays en développement, en valeur, ont augmenté de 43 pour cent entre 1998 et 2001. La réduction des pertes après-récolte permettrait de réduire ces importations.
De plus, la FAO estime que pour 100 litres de lait produits localement, jusqu’à cinq emplois sont créés dans les industries rattachées, comme la transformation et le transport.
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
http://www.fao.org
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