Avec la pandémie et la très forte inflation actuelle, les ménages deviennent de plus en plus endettés. Mais bonne nouvelle pour le secteur laitier, les consommateurs seront au rendez-vous et même leur budget pour les produits laitiers devrait même légèrement augmenter. Telles sont les constatations du professeur émérite Jacques Nantel de HEC Montréal qu’a présenté en conférence lors de l’Assemblée générale des Producteurs de lait du Québec le 14 avril 2022.
Ce spécialiste du commerce de détail est abasourdi de constater tous les bouleversements de l’économie qui ont cours depuis le début de la pandémie.
« En 45 ans de métier, je n’ai jamais jamais vu autant de changements au sens économique que ce que nous vivons actuellement », dit-il d’entrée de jeu.
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4 facteurs liés à la pandémie
En très peu de temps, le commerce en ligne est devenu plus présent que jamais. La consommation des Québécois sur le web est passée de 8% avant la pandémie à 15% maintenant, avec un pic de 30% au cœur de la pandémie. Cette tendance vers le web est là pour rester. « On ne redescendra plus jamais à 8% », prévoit Jacques Nantel.
Les achats alimentaires sur le web sont aussi en croissance, passant de 3 à 4,8%. Les produits à forte récurrence pour les consommateurs, dont les produits laitiers, se feront de plus en plus par abonnement ou réachat automatique.
Autre bouleversement lié à la pandémie, le télétravail est là pour rester, mais dans une formule hybride 3 jours/2 jours. Pour l’alimentation, cela représente plus de consommation à la maison, moins au restaurant et moins de lunchs. « Ce n’est pas une mauvaise nouvelle parce qu’il y a plus de marge lorsque vos produits sont consommés à la maison », dit Jacques Nantel. Si les travailleurs travaillent deux jours à la maison par semaine, cela représente 205 millions$ du secteur de la restauration qui sera dépensé à la maison au Québec.
Les chaînes d’approvisionnement nous ont montré leur fragilité durant la pandémie. Elle a démontré les limites à la globalisation des marchés, les risques à la dépendance envers certains pays ou fournisseurs, et les coûts réels de ne pas avoir un secteur domestique fort.
En quatrième lieu, Jacques Nantel a constaté que l’achat et la production locale sont devenus des réalités tangibles pour les consommateurs. C’est le cas pour près de 80% des consommateurs québécois. Bonne nouvelle, les gouvernements sont plus sensibles à la production locale surtout en matière de production alimentaire à la condition de ne pas payer plus de 5 à 10% plus cher qu’un produit étranger équivalent.
Effet de l’inflation
Un facteur qui est en train de se produire et qui aura un gros impact sur les achats des consommateurs, c’est l’inflation galopante que nous vivons en ce moment. « Il n’y a pas de bouton “off” dans l’inflation », fait remarquer Jacques Nantel. Elle est passé de 3% l’automne dernier à 6% maintenant et devrait finir l’année à 8%. « Et ça va continuer en 2023 », dit-il. Il explique que l’inflation est dans une phase structurelle parce que cette inflation entraîne des hausses de salaires importantes.
Le remède à la hausse de l’inflation est la hausse des taux d’intérêts qui nuit au pouvoir d’achat des ménages. Le budget du logement sera notamment grandement affecté.
Côté alimentation, les gens mangeront davantage à la maison. La bonne nouvelle pour les produits laitiers et les œufs, puisqu’il s’agit de produits de base, ils seront toujours présents dans les achats des consommateurs. Ils représenteront en 2023 2% des dépenses d’alimentation, comparativement à 1,7% en 2019.
Crise climatique
Jacques Nantel insiste sur l’importance de la crise climatique à venir. Le Groupe financier RBC a estimé que pour atteindre les seuils de l’Accord de Paris, le Canada devra investir 60 milliards par année pour chacune des 30 prochaines années, soit 30 000$ par ménage par année.
Pour cet enjeu, Jacques Nantel estime que l’industrie laitière devra montrer qu’elle contribue à la réduction de la crise climatique et qu’elle est carboneutre. Donc, qu’elle n’engendre pas de frais pour les consommateurs sous forme de taxe carbone refilée.
L’industrie devra aussi s’assurer de maintenir, voire accroître à 2% des dépenses des consommateurs.
Le produit du secteur laitier a des atouts précieux qui sont :
- Un produit de très haute qualité
- Fabriqué localement
- Produit de manière collective et contributive
- Mais qui doit devenir carboneutre
Donc, les budgets des ménages seront plus serrés, mais le secteur laitiers est bien positionné en terme de coûts/bénéfices.