De toutes les grandes cultures, c’est la luzerne qui possède les exigences en soufre les plus élevées. Une récolte de 4 tonnes/acre de luzerne prélève environ 20 lb/acre de soufre. Les plants de luzerne carencés sont étiolés et chétifs et uniformément vert pâle ou jaunâtres. À l’opposé, les plants qui ont eu un apport suffisant ont une partie supérieure jaune la partie inférieure verte.
Le ministère de l’Agriculture l’Ontario a mené diverses études sur le sujet puisque plusieurs de ses régions ont été affectés par les pluies acides et la diminution des émissions de souffre à la suite des mesures mises en place pour éliminer ce type de pollution.
À lire aussi

Les grains plombés par les bonnes conditions
Une semaine après avoir engrangé de fortes hausses, les principaux grains repartent de plus belle à la baisse.
Entre autres constats, les chercheurs de l’Ontario ont découvert que la disponibilité du souffre varie d’un site et d’une année à l’autre, en fonction de la température et des précipitations. La teneur du sol en matière organique joue également un rôle majeur dans la disponibilité du souffre pour les plantes. Les sulfates sont très mobiles dans le sol, tout comme les nitrates, et ils peuvent se lessiver dans les couches inférieures du sol et devenir non assimilables par les plantes (pas aussi facilement toutefois que les nitrates).
Les cas de carences ont également augmenté en raison de la réduction du réservoir de matière organique, de la hausse des rendements et des teneurs plus élevées en protéines. Le manque de souffre peut aussi apparaître si le champ n’a pas reçu de fumier depuis quelque années puisqu’il est très présent dans la matière organique.
Dans les champs, les symptômes de carences en soufre apparaissent d’abord sur les monticules érodés et dans les autres zones pauvres en matière organique.
La meilleure manière de vérifier si l’apport est suffisant est de faire une analyse des tissus de luzerne puisqu’une analyse de sol ne sera pas assez fiable. Il faut prélever des échantillons dans les 6 pouces de la partie supérieure de 35 tiges et les faire parvenir au laboratoire pour analyse. Le seuil, sous lequel on considère qu’il y a carence en soufre dans la luzerne et à partir duquel cette dernière pourrait bénéficier d’un apport en soufre, est de 0,25 %. Si l’on souhaite s’en assurer, prélever un échantillon similaire dans une zone qui ne présente pas de symptômes visuels de carence en soufre.

Idéalement, le souffre sous forme être appliqué au printemps. Règle générale, on applique du soufre dans la luzerne à raison de 5 lb/acre par tonne de rendement en matière sèche.
À certains sites, les applications de soufre n’ont eu aucun effet. Toutefois, au site où l’effet a été le plus prononcé, on a observé, dans un champ de luzerne-graminées, une hausse très marquée de rendement de 1,55 tonne /acre et une augmentation de 4 % dans la teneur en protéine brute. Par ailleurs, la proportion de luzerne dans les fourrages récoltés est passée de 33 à 56 %.