Boom de l’aquaculture et sécurité des aliments

Publié: 1 juin 2007

Rome (Italie), 28 mai 2007 – La récente découverte de mélamine dans des aliments utilisés par certaines exploitations piscicoles aux Etats-Unis a mis en lumière les enjeux auxquels se trouve confronté le secteur aquicole qui fournit aujourd’hui 44 pour cent du poisson consommé dans le monde, indique la FAO.

La mélamine est cette substance liée aux récents rappels de boîtes d’aliments pour chiens et chats intervenus aux Etats-Unis et au Canada. Le parcours alambiqué qu’elle aurait suivi pour finir dans le tube digestif de poissons destinés à la consommation humaine illustre les difficultés rencontrées pour garantir la salubrité des produits alimentaires à l’ère des réseaux transnationaux de production, de transformation et de distribution.

Selon des sources locales citées par la presse, les aliments incriminés auraient été produits en Chine et exportés par une firme américaine qui les auraient livrés à au moins deux fournisseurs canadiens. Ceux-ci, à leur tour, les auraient vendus à des exploitations piscicoles aux Etats-Unis.

Les autorités sanitaires canadiennes et américaines ont néanmoins fait remarquer que la contamination a eu lieu à de faibles niveaux, ajoutant que les poissons lorsqu’ils consomment de la mélamine l’éliminent rapidement. En somme, cela ne devrait pas poser de danger pour la consommation humaine…

Dans une affaire similaire, plusieurs Etats américains ont interdit certaines importations de poisson-chat après que des tests effectués sur des filets de viande surgelés eurent révélé la présence d’antibiotiques proscrits sur le marché américain. La chaîne d’hypermarchés Walmart n’a pas tardé à se plier à cette mesure dans tous ses points de vente aux Etats-Unis.

Tout cela montre l’importance qu’il y a à garantir la salubrité des produits de l’aquaculture – le secteur de production vivrière à plus forte croissante depuis plus de dix ans, selon l’expert de la FAO en la matière, M. Lahsen Ababouch.

« Aujourd’hui, la filière mondiale de production de poisson et d’approvisionnement est extrêmement complexe », affirme M. Ababouch.

« Près de la moitié de tout le poisson consommé provient des fermes aquacoles. Quelque 12 millions de personnes tirent leurs revenus de la pisciculture. Il est donc crucial de veiller à ce que le poisson d’élevage soit de la meilleure qualité possible et sans danger pour la santé. »

Les petits pisciculteurs
Selon Jochen Nierentz, du programme GLOBEFISH, la FAO aide les petits pisciculteurs pauvres du monde en développement à se conformer aux normes d’importation de plus en plus strictes imposées par les pays développés. Et M. Nierentz de préciser que 98 pour cent des pêcheurs et des pisciculteurs du monde vivent dans les pays en développement.

« Les préoccupations concernant la sécurité des aliments sont, certes, légitimes. Le problème est de s’assurer que les paramètres utilisés ont un fondement scientifique et que les pisciculteurs, qu’ils soient originaires d’un pays développé ou en développement, ne soient pas injustement défavorisés », selon M. Ababouch.

Une hausse vertigineuse
La quantité de poisson provenant de l’aquaculture a enregistré une hausse vertigineuse ces dernières années, explique Rohana Subasinghe, expert en aquaculture à la FAO. En 1980, seulement 9 pour cent du poisson consommé par l’homme provenait de l’aquaculture. Aujourd’hui, cette proportion est de 44 pour cent.

La FAO estime qu’une aquaculture responsable est fondamentale pour satisfaire la demande croissante de poisson tout en réduisant la pression sur les stocks à l’état sauvage.

Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :

Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
http://www.fao.org

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