Londres (Angleterre), 11 mars 2006 – Les discussions à Londres entre six grands acteurs de l’OMC n’ont pas débouché sur le « déclic » espéré pour libéraliser les échanges mondiaux, à moins de deux mois d’une échéance cruciale pour le commerce des produits agricoles.
Les ministres du Commerce du G6 (Australie, Brésil, Etats-Unis, Inde, Japon, Union européenne), réunis depuis vendredi soir dans la capitale britannique, devaient se séparer dans la nuit sans avoir accompli de « percée majeure », comme l’a reconnu le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson, hôte de la rencontre.
Lors d’une conférence de presse commune, le représentant de Bruxelles a cependant assuré que les Six avaient « effectué des progrès sur un certain nombre de questions », mais sans préciser lesquelles.
Un accord entre les six grandes puissances réunies à Londres était considéré comme un préalable indispensable à l’émergence d’un compromis entre les 149 pays membres de l’OMC, qui doivent absolument conclure à la fin de l’année cinq années de négociations sur la baisse des barrières douanières dans le monde.
« La discussion a été très utile car nous avions des chiffres », s’est félicité le représentant américain pour le Commerce, Rob Portman, alors que des simulations chiffrées viennent d’être calculées sur 1.200 produits pour étudier l’impact de baisses des droits de douane sur les échanges d’une dizaine de pays-clés, dont ceux du G6.
Les 149 pays membres de l’OMC ont jusqu’à fin avril pour parvenir à un accord chiffré de baisse des droits de douane appliqués tant aux produits agricoles qu’aux produits industriels. Une autre réunion du G6 pourrait être organisée début avril à New York dans l’espoir de débloquer la discussion.
Les positions n’ont guère avancé depuis la conférence ministérielle de l’OMC à Hong Kong qui a convenu en décembre dernier d’éliminer les subventions aux exportations agricoles au plus tard en 2013.
Les pays pauvres souhaitent que les pays développés réduisent leurs autres subventions et les droits de douane appliqués aux produits agricoles, mais le Nord exige la réciprocité pour les produits industriels et les services.
Avant la réunion, Américains et Européens avaient averti qu’ils n’entendaient pas présenter de nouvelle offre en matière agricole.
« J’arrive à imaginer la teneur générale d’un futur accord, mais je n’ai pas vu, et je ne vois pas, se produire le déclic » qui permettra de débloquer la négociation, a déploré le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim.
M. Amorim, devenu le véritable porte-parole des pays émergents, a estimé que l’OMC était plus près d’un accord, mais les différents protagonistes ne sont « pas tous prêts à avancer de concert », a-t-il regretté.
Son homologue indien, Kamal Nath, s’est félicité d’une meilleure compréhension de la part de ses partenaires pour les préoccupations des pays en développement, « mais ce n’est pas suffisant ».
Afin de stimuler la négociation, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva suggère d’organiser un sommet de chefs d’Etat, une proposition qui a reçu jeudi le soutien du Premier ministre britannique Tony Blair.
Interrogé sur cette éventualité, M. Portman a refusé d’exclure la possiblité d’un tel sommet mais souligné que les ministres du Commerce avaient encore beaucoup de travail à faire pour déblayer le terrain.
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Source : AFP