Bunge et Viterra ont l’intention de fusionner pour créer un nouveau géant dans le commerce agricole. La transaction estimée à 34 milliards de dollars américains (avec une estimation de 17 milliards de dollars pour chacune des entreprises) n’est toutefois pas complétée et pourrait être soumise à l’examen des autorités réglementaires dans quelques pays, dont le Canada et l’Argentine, selon Reuters.
Bunge devrait être l’acquéreur principal avec 70% des actions de l’entreprise. Viterra, qui est une propriété de Glencore (connue aussi pour ses activités minières), se partagera le reste.
Si la transaction est complétée, la nouvelle entreprise pourrait rivaliser en importance avec les deux autres principaux joueurs dans le commerce et la trituration de grains, soit Archer-Daniels-Midland, mieux connue comme ADM, et Cargill. Les revenus combinés de Viterra et Bunge devraient s’élever à plus de 62 milliards pour 2022. À titre de comparaison, les ventes de ADM ont presque atteint 102 milliards l’an dernier.
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Selon Étienne Lafrance, agent d’information sur les marchés aux Producteurs de grains du Québec, il ne s’agit pas d’une bonne nouvelle pour les producteurs du Québec. Avec cette transaction, Bunge devient propriétaire des terminaux de grains aux ports de Montréal, Trois-Rivières et Québec. Richardson détient pour sa part le port de Sorel.
« Une situation de quasi monopole comme celle-là n’est pas vue d’un bon œil, surtout qu’elle arrive à un très mauvais moment pour les producteurs de grains du Québec. La demande locale pour le grain est faible en raison des difficultés avec Olymel. Pour ceux qui souhaitent se tourner vers le marché d’exportation, ça risque de devenir plus compliqué ».
Étienne Lafrance explique que les producteurs auront peu de clients vers qui se tourner, donc moins de possibilité de magasiner les prix. « Mais on va laisser la chance au coureur », poursuit l’agent d’information.
L’expert dit également avoir de gros doutes quant à une intervention des autorités réglementaires au Canada. « Le Canada a montré dans le passé qu’il n’était pas soucieux de ce qui se déroulait dans le marché agroalimentaire », dit-il. Il serait également étonnant que d’autres pays interviennent, selon lui.
Reuters indique que Bunge était le plus important exportateur de soya du Brésil en 2022 en plus d’être le numéro un des cultures de base pour la fabrication d’aliments pour animaux et de biocarburants. Viterra se classerait 3e au monde pour l’exportation de maïs et 7e pour le transport de soya.
La transaction permettrait à Bunge d’accroître sa présence dans l’exportation de maïs et de soya où elle pourrait mieux concurrencer ADM et Cargill, grâce à l’acquisition l’an dernier de l’américaine Gavillon par Viterra.
Bunge accroît aussi sa capacité d’entreposage, de manutention et de terminaux portuaires dans d’importants pays producteurs comme l’Australie.
Bunge, qui est le plus important producteur mondial d’huiles végétales, a de plus des ententes de partenariat avec le géant pétrolier Chevron et Bayer pour répondre à la demande en forte expansion de matières premières pour les biocarburants.