Ottawa (Ontario), 28 avril 2003 – Les producteurs de fruits et de légumes des provinces de l’Atlantique pourraient tirer profit d’un nouveau secteur prospère qui gravite autour du concept d’une saine alimentation.
Les aliments fonctionnels et les nutraceutiques sont un nouveau domaine prometteur qui allie la sagesse ancestrale à la science moderne et aux tendances commerciales actuelles. L’idée qu’une saine alimentation permet de prévenir la maladie remonte à l’époque d’Hippocrate.
Ce qu’il y a de neuf, c’est que la recherche permet de plus en plus d’expliquer exactement les motifs pour lesquels certains aliments sont bons pour la santé.
Autre élément nouveau : une population qui vieillit rapidement et qui est plus ouverte aux produits aidant à prévenir les effets de l’âge et à préserver la santé. Beaucoup de gens croient que ces deux faits sont un atout pour quiconque peut préparer et mettre en marché un produit possédant des attributs spécifiques pour la santé.
Les producteurs de fruits et de légumes des provinces de l’Atlantique entrent dans cette catégorie. Certains d’entre eux participaient d’ailleurs du 26 au 28 mars derniers à Dartmouth à une conférence qui devait leur en apprendre davantage sur ce domaine en émergence.
« Nous cherchons à déterminer si les progrès réalisés dans les recherches sur les aliments fonctionnels pourraient nous permettre d’ajouter de la valeur aux produits, affirme Dela Erith, directrice exécutive de la Nova Scotia Fruit Growers’ Association. Nous sommes en voie de mettre sur pied une chaire de recherches au Collège agricole de la Nouvelle-Écosse et de lui confier la tâche de se pencher sur les possibilités que présentent les pommes comme aliment fonctionnel. Cette conférence a été une excellente occasion d’examiner le côté commercial de cette entreprise. »
Organisée par Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) et plusieurs partenaires, la conférence a permis de traiter des stratégies de vente, des aspects liés à la réglementation, des tendances de la consommation et des travaux de recherche.
« Cette conférence visait à aider les intervenants locaux à s’engager davantage dans un domaine qui, selon certains, progresse plus vite que le secteur alimentaire en général, déclare Brian Goldsworthy d’AAC, organisateur de la conférence. Plus de 130 participants se sont inscrits à la conférence; je crois que cela témoigne avec éloquence du potentiel de ce secteur dans les provinces de l’Atlantique. »
Dans une grande partie des travaux de R et D exécutés jusqu’à présent, les chercheurs se sont surtout attardés à extraire les composants bénéfiques des cultures, des végétaux et du milieu biologique marin en vue de créer des suppléments nutritionnels sous forme de capsules ou de produits alimentaires enrichis comme les barres énergisantes, les jus et les céréales.
Ce secteur pourrait être une source de nouveaux marchés pour les producteurs primaires, améliorer la stabilité des prix et susciter des possibilités de production à contrat. D’après une étude préparée par AAC, les producteurs agricoles du Canada fournissent déjà des ingrédients entrant dans la préparation d’aliments fonctionnels pour une valeur qu’il estime à entre 300 millions et un milliard de dollars.
Certains prétendent que le développement de ce secteur devrait stimuler la demande à la consommation de fruits et légumes frais, au profit des producteurs.
« Des indices permettent de croire que la simple consommation d’un fruit est la meilleure façon d’obtenir les bienfaits recherchés pour la santé », affirme le Dr Wilhelmina Kalt, chimiste alimentaire à AAC qui a fait un exposé à la conférence.
Le Dr Kalt est une grande experte en antioxydants, composés que l’on trouve dans un grand nombre de fruits et de légumes et qui, selon les études, réduisent le risque de maladies cardiovasculaires et de cancer. Pour expliquer le rôle que jouent les antioxydants, elle évoque l’analogie de la rouille et affirme que ces composés aident essentiellement à réduire le stress oxydatif naturel qui détériore le corps avec le temps.
Ce type d’information est une des pierres angulaires du prospère domaine des aliments fonctionnels et pourrait être un puissant atout de mise en marché pour le secteur horticole. Le Dr Kalt mentionne que les programmes de commercialisation aux États-Unis incitent les gens à consommer leur portion quotidienne recommandée de fruits et de légumes (« cinq par jour »).
Un grand nombre de cultures des provinces de l’Atlantique ont un excellent potentiel comme aliments fonctionnels. Les bleuets sauvages sont une source puissante d’antioxydants et le secteur mène des recherches sur leurs bienfaits pour la santé; il considère ces bienfaits comme un outil important de mise en marché. Les provinces de l’Atlantique produisent également une grande quantité de canneberges, de carottes et de beaucoup d’autres fruits et légumes qui possèdent de solides qualités d’aliments fonctionnels.
« À mesure que les consommateurs se sensibiliseront à ces types de bienfaits, la demande de fruits et légumes frais devrait s’accroître, poursuit le Dr Kalt. C’est là une bonne nouvelle pour les producteurs. »
C’est également une bonne nouvelle pour les consommateurs. D’après une étude qu’a préparée pour AAC le Dr Bruce Holub, qui a aussi présenté un exposé à la conférence, les aliments fonctionnels et les nutraceutiques pourraient permettre au Canada d’épargner huit milliards de dollars par année en traitements contre le cancer. Selon la même étude, les aliments fonctionnels pourraient devenir une des pierres angulaires d’un modèle de prévention des maladies chroniques. Ce modèle se fonderait sur le dépistage précoce des maladies et un contrôle des facteurs de risque modéré qui miserait sur les aliments fonctionnels.
La recherche sur ces nouvelles possibilités en agriculture constitue l’un des principaux piliers du Cadre stratégique pour l’agriculture (CSA). Le CSA est un plan fédéral-provincial qui stimule l’innovation dans le secteur agricole et aide à répondre à l’accroissement de la demande mondiale d’aliments sains et salubres produits dans le respect de l’environnement.
Parmi les partenaires ayant pris part à l’organisation de la conférence sur les aliments fonctionnels et les nutraceutiques, citons le ministère de l’Agriculture et des Pêches de la Nouvelle-Écosse, BioNova (Association de l’industrie de la biotechnologie et des sciences de la vie de la Nouvelle-Écosse), le Conseil canadien des distributeurs en alimentation, le Collège agricole de la Nouvelle-Écosse et le Centre des aliments fonctionnels et des nutraceutiques de l’Université du Manitoba.
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Agriculture Canada
http://Aceis.AGR.CA/
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