Paris (France), 12 juillet 2005 – L’abondante vendange attendue cet automne en France pourrait accentuer la crise que traverse actuellement la viticulture française, obligée déjà de distiller 1,5 million d’hectolitres de la récolte 2004 qui n’ont pas trouvé preneur, estiment les spécialistes.
« La vendange 2005 devrait être comprise entre 54 et 55 millions d’hectolitres », a annoncé mardi à l’AFP Denis Verdier, président de l’Office national interprofessionnel des vins (Onivins).
Ce niveau de récolte, prévu sauf en cas de forte canicule ou de nombreux orages d’ici septembre, approcherait celui de 2004 (58,8 millions d’hectolitres) dont une bonne partie encombre encore les caves dans de nombreuses régions, notamment dans le Bordelais.
La situation actuelle de crise est telle que le gouvernement français a dû obtenir de Bruxelles un report de deux semaines, du 15 juillet au 31 juillet, de la date jusqu’à laquelle viticulteurs peuvent apporter leurs AOC (Appellations d’Origine Contrôlée) à la distillation pour résorber les excédents de stocks.
Selon les milieux professionnels, les viticulteurs français ont souscrit, pour le moment, des contrats de distillation pour 900.000 hectolitres uniquement sur un total de 1,5 million d’hectolitres autorisé par Bruxelles, prêt pourtant à y consacrer une conséquente enveloppe de 60 millions d’euros.
Le ministre de l’Agriculture Dominique Bussereau a même dû rappeler, dans un communiqué, « aux responsables professionnels, les conséquence sérieuses qui résulteraient d’une souscription inférieure à notre demande ».
Et M. Bussereau aura l’occasion de hausser le ton lors d’une importante table-ronde sur l’ensemble des problèmes de la viticulture, le mercredi 20 juillet à Paris. Cette réunion doit permettre de « dresser un point d’étape » dans la mise en oeuvre des mesures structurelles qui avaient été promises par les différentes régions viticoles, en juillet 2004.
Or, pour le moment, seules les interprofessions des Côtes du Rhône et du Bordelais ont proposé des mesures concrètes: la première a menacé ses producteurs de ne pas agréer pour la commercialisation leurs surplus s’ils ne les apportaient pas à la distillation, et la deuxième a présenté un plan prévoyant d’arracher 8000 à 10 000 ha de vigne (environ 8% de son vignoble) en 5 ans.
Président de la Confédération des vins du Val de Loire (CVVL), Pierre Aguilas a ainsi reconnu que sa région ne serait pas prête, avant l’automne, à présenter son projet: rebaptiser ses vins de pays.
Actuellement appelés vins « des Jardins de la France », M. Aguilas souhaite les rebaptiser en « vins des pays de Loire », ce qui serait beaucoup plus compréhensible pour les consommateurs, en France et à l’étranger.
La crise qui affecte les vins français est surtout sensible sur les marchés étrangers où ils doivent affronter la concurrence des vins du Nouveau Monde (Australie, Afrique du Sud, Argentine, Chili, Etats-Unis, etc.)
Les exportations de vins français (hors Champagne et effervescents) ont ainsi baissé de 13,0% en valeur et de 13,2% en volume au premier trimestre 2005 par rapport à la même période de 2004, selon la Fedération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS).
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