Luxembourg (Belgique), 25 avril 2006 – Satisfaisant les revendications des organisations agricoles, les ministres européens de l’Agriculture ont adopté des aides communautaires pour le secteur avicole, durement touché par la baisse de consommation de volaille due à la peur de la grippe aviaire.
Réunis à Luxembourg, les ministres ont adopté à l’unanimité le projet présenté par la Commission européenne, qui prévoit un cofinancement de ces aides à parité entre les Etats membres de l’UE et le budget communautaire.
« Nous avions promis aux producteurs de ne pas les laisser tomber. Le régime d’aides mis en place aujourd’hui permettra de secourir ce secteur si durement touché », a déclaré le ministre autrichien de l’Agriculture Josef Pröll, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE.
Le Copa-Cogeca, principale organisation de défense des agriculteurs de l’Union européenne, dont le siège est à Bruxelles, a fait part de sa « satisfaction ».
Les organisations agricoles, soutenues par les gouvernements français et italiens en particulier, réclamaient depuis plusieurs mois des aides exceptionnelles pour compenser la baisse de revenus des éleveurs, victimes de la perte de confiance des consommateurs effrayés par une possible pandémie de grippe aviaire.
Même si le plus fort de la crise est passé, le marché reste en forte baisse, de 15 à 40%, dans la plupart des pays européens.
Depuis l’apparition de la maladie dans l’UE en février, treize pays membres ont eu à faire face à des cas de virus H5N1 hautement pathogène de la grippe aviaire sur leur territoire. Dans trois d’entre eux, l’Allemagne, la France et la Suède, des élevages ont été touchés.
« Cette crise exige des mesures particulières », a justifié pour sa part la commissaire européenne à l’Agriculture Mariann Fischer Boel.
« Cet accord représente un excellent exemple de la rapidité avec laquelle l’Union européenne peut aller de l’avant quand la Commission, le Parlement et le Conseil travaillent ensemble », a-t-elle ajouté.
Bruxelles a cependant refusé pendant plusieurs mois d’envisager de telles mesures de soutien, avant de céder fin mars.
Jusqu’ici, les aides communautaires ne pouvaient être versées qu’à des éleveurs directement touchés par un foyer de grippe aviaire et qui devaient abattre leurs bêtes, ou bien qui ne pouvaient plus vendre leurs volailles en raison d’un embargo sanitaire.
Selon le règlement adopté mardi par les ministres, les Etats membres devront maintenant présenter leurs plans nationaux d’aides à la Commission, qui les évaluera et décidera si elle les cofinance.
Le Copa-Cogeca a cependant regretté que la Commission ne finance pas intégralement ces aides.
« Certains pays ne voudront ou ne pourront peut-être pas » verser des aides, s’est inquiété Vincent Cordonnier, un responsable du Copa-Cogeca, évoquant notamment les nouveaux Etats membres de l’UE, moins riches que les anciens.
« Il faut maintenant se battre pour qu’un maximum de pays prennent des mesures de soutien pour la filière avicole », a-t-il ajouté.
Sans attendre le feu vert de l’UE, Rome avait déjà annoncé un plan d’aide de 100 millions d’euros à son secteur avicole mais n’avait encore rien versé. Paris avait promis 80 millions, mais n’en a débloqué qu’une partie.
Le ministre français de l’Agriculture Dominique Bussereau s’est dit seulement « en partie » satisfait, car la Commission n’a pas garanti qu’elle cofinancerait les aides déjà versées. Bruxelles examinera les demandes rétroactives au cas par cas.
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Source : AFP