La traçabilité : l’ambition européenne est d’aller « de la fourche à la fourchette »

Publié: 2 avril 2001

Bruxelles (France), 26 mars 2001 – Du poulet à la dioxine à la crise le vache folle, la réglementation européenne sur la traçabilité des produits agricoles s’est améliorée au fil des ans, sans parvenir toutefois à éviter certains ratés.

« De la fourche à la fourchette » et du « champ à l’assiette », l’ambition de l’Union européenne de mettre en place une traçabilité totale s’est souvent heurtée aux divisions des Quinze, eux-mêmes partagés entre inquiétude des consommateurs et impératifs des industriels.

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Que ce soit le marquage des animaux, de la naissance à l’abattoir, ou encore l’étiquetage des produits finis, les règles européennes se sont développées au gré des crises successives.

La viande bovine fait l’objet d’une traçabilité quasiment absolue, mais jugée incomplète par des associations de consommateurs: dès sa naissance un veau est enregistré par un numéro d’identification sous forme d’une « boucle d’oreille » qui le suivra avec ses documents d’élevage jusqu’à l’abattoir.

La filière prend ensuite le relais et le moindre morceau de viande acheté dans le commerce ou la grande distribution doit permettre de remonter jusqu’au lieu de naissance et aux parents de l’animal abattu et découpé.

L’an dernier, les ministres de l’Agriculture des Quinze avaient peiné avant de trouver un accord sur l’étiquetage de la viande hachée. En novembre, le Parlement européen, sous la pression des lobbies agricoles, avait fini par choisir l’option minimale: ne figure sur l’étiquette ni le type de l’animal (vache, boeuf, génisse ou veau), ni sa race.

On y trouve en revanche le lieu d’abattage, qui ne donne toutefois pas d’indication sur le pays où a été élevée et nourrie la bête. Cette information n’est pas disponible pour le consommateur, mais est théoriquement dans les mains des différents professionnels de la filière.

Toutefois le système est parfois mis à mal par des marchands peu scrupuleux, maquignons en tête.

A l’instar des trafiquants de main-d’oeuvre, des négociants malhonnêtes essaient parfois de « fourguer » des animaux avec des faux papiers. Ainsi en Italie la semaine dernière, des vétérinaires de Toscane (nord) ont mis à l’index une vingtaine de veaux que leur documents d’élevage « rajeunissaient » afin d’échapper à des contrôles liés au dépistage de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB, dite maladie de la vache folle).

On a aussi trouvé dans des magasins allemands des saucisses contenant du boeuf qui ne provenait pas du lieu inscrit sur l’étiquette.

De telles découvertes sont cependant rares, rapportées au nombre total d’animaux, explique-t-on à la Commission.

« Dans des périodes d’épidémie de grande ampleur, comme c’est le cas actuellement avec la fièvre aphteuse, il suffit d’une poignée d’animaux transportés frauduleusement pour provoquer l’apparition de nouveaux foyers aux quatre coins d’un pays », selon un expert.

« La rapidité des transports et la facilité de circulation d’un pays à l’autre n’arrangent rien », a-t-il reconnu.

Pour les moutons, la traçabilité est plus complexe et est appliquée de façon moins homogène dans les pays de l’UE. Le marquage des agneaux est prévu par une décision européenne de 1992, mais n’est pas rigoureusement appliquée.

Les « boucles d’oreilles » ne sont pas généralisées et certains Etats marquent leurs moutons à l’encre ou au goudron, au risque de voir ces numéros incrits sur le dos des animaux disparaître en quelques semaines.

Source : AFP