Québec vise 14 G$ d’exportation agroalimentaire pour 2025

Des filières comme celle du porc demeurent importantes, mais sont fragilisées par le contexte actuel

Publié: 7 novembre 2023

Le ministre du MAPAQ, André Lamontagne, au CORIM

Quel avenir pour les exportations agroalimentaires du Québec alors que les défis se multiplient et que l’économie ralentit ?

Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), André Lamontagne, a apporté plusieurs éléments de réponse à cette question lors d’une conférence organisée par le Conseil des relations internationales de Montréal le 3 novembre dernier.

Les défis ne manquent pas en effet au moment où les tensions géopolitiques se multiplient sur la scène internationale et que les changements climatiques créent des tensions supplémentaires sur la production agricole. C’est sans compter les accords multilatéraux de libre-échange qui ont eu leur lot de conséquences sur les secteurs agroalimentaires au Québec.

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D’entrée de jeu, le ministre a remis en contexte la place du secteur d’un point de vue économique. En 2022, les ventes à la ferme ont représenté une somme de 12,6 G$, tandis que les livraisons manufacturières s’élevaient à 36,7 G$. En tout, 130 000 emplois sont reliés à cette branche de l’économie.

Les exportations agroalimentaires du Québec totalisaient 11,4 G$ en 2022, le troisième secteur en importance derrière l’aviation et les métaux, avec en tête de liste les exportations porcines (1,7 G$), les fruits et légumes (1,1 G$) et les oléagineux (910 M$). Les États-Unis représentent le principal partenaire commercial avec 65% des exportations se dirigeant vers le sud de la province, tandis que l’Europe prend le deuxième rang avec 8% des échanges. La Chine et le Japon se partagent la troisième place avec chacun 4% des exportations québécoises.

Le Québec a l’ambition de hausser la valeur des exportations à 14 G$ en 2025. La politique bioalimentaire lancée en 2018 devrait collaborer à cet objectif. Sur la question de la production, le ministre a ajouté que les mesures visant l’autonomie alimentaire n’entraient pas en contradiction avec ce but, mais contribuaient plutôt à l’amélioration des pratiques et des compétences des gens d’ici, un facteur qui favorisera d’après lui la compétition des produits québécois à l’étranger.

La qualité des produits faits au Québec demeure leur principal gage de réussite, selon André Lamontagne. « Quand je demande aux gens qui achètent des produits québécois pourquoi, ils me répondent que c’est à cause de leur qualité. » La traçabilité des produits, les normes environnementales sont autant de garanties qui rassurent les clients, tout comme les histoires derrière les manières de faire, a t-il ajouté.

Au cours de l’année 2022, le ministre de l’Agriculture a mené deux missions à l’étranger, en Europe et au Japon. Une diversification des marchés est nécessaire, comme l’ont démontré les difficultés connues par la filière porcine à la suite des tensions politiques avec la Chine dans les dernières années. Une multiplication des produits exportés devraient également, selon le ministre, aider à contrebalancer les turbulences sur les marchés.

Les missions commerciales accomplissent plusieurs objectifs selon lui. Elles permettent d’ouvrir de nouveaux canaux de partenariats, d’identifier des initiatives pouvant permettre d’améliorer les pratiques ici, mais également de s’informer sur les réalités agricoles à l’étranger et prévenir si possible d’éventuels problèmes, telle que la situation de la relève et l’accès à la terre.

Le ministre a d’ailleurs reconnu que l’application équitable des accords de libre-échange demeurait un défi lorsqu’il a été interrogé sur l’Accord économique et commercial global (AECG) avec l’Europe. « Le secteur agroalimentaire connait de gros défis à en bénéficier. Il y a des enjeux de réciprocité, surtout au niveau des produits de viandes animales où il existe un déséquilibre incroyable. » Les barrières à l’entrée des produits en Europe limitent grandement l’accès de produits québécois, mais dans ce dossier, le Canada est le maître d’œuvre et a décidé de laisser les différents pays agir à leur guise, a indiqué André Lamontagne.

Deux autres sujets ont été soulevés, soit ceux de l’adaptation aux changements climatiques et l’énergie. Le ministre a mis de l’avant les politiques et les programmes adoptés pour venir en aide au secteur agricole, tout en admettant qu’on attendait davantage de soutien de la part du gouvernement dans l’adaptation aux changements climatiques. L’accès à l’électricité n’est aussi plus le même qu’il était en 2018 lors de l’adoption du plan bioalimentaire, plan devant être revu en 2025.

« Aujourd’hui, il y a de la compétition avec d’autres espaces », a indiqué André Lamontagne, une référence aux ententes conclues avec la filière batterie, alors que plusieurs secteurs, comme la production en serre, demandent d’obtenir également des ententes. « La particularité de notre secteur est de nourrir le monde », a-t-il ajouté comme argument.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.